A la demande de la ministre du Logement et de la Ville, François Rivière, président de la fondation d\'entreprise « Le Temps des villes », a rédigé un rapport dans le but de mettre en place un plan national de valorisation des centres-villes visant un meilleur équilibre interne aux centres-villes et avec leur périphérie. Remis le 28 février dernier, le rapport propose la mise en place d\'un « Pacte des villes pour vivre tous ensemble ».

L\'atout du cœur de ville
Les cœurs de ville représentent un modèle urbain riche, et constituent un atout en termes d’attractivité culturelle, intellectuelle, touristique et économique. Les habitants s’identifient fortement à leur cœur de ville, même s’ils résident en périphérie, sans doute car le centre ville constitue un lien affectif entre le passé et l’avenir, et donc une référence culturelle partagée par l’ensemble des habitants. Au demeurant, les cœurs de ville sont devenus des laboratoires foisonnant d’initiatives citoyennes. Il s\'avère donc nécessaire de créer de la rencontre et de la responsabilité autour de projets dynamiques.
Mais, souligne le rapport, si les cœurs de ville regorgent de potentiel et de dynamisme, certains sont aussi menacés par le délabrement, des signes d’exclusion et d’appauvrissement. Si on ne fait rien pour eux, on risque de se retrouver dans 20 ans avec, ici et là, des problèmes analogues à ceux rencontrés dans les banlieues.

Privilégier le vivre ensemble dans les villes
Le « Pacte des villes » représente pour François Rivière un défi majeur du mieux-vivre ensemble, par la réconciliation des cœurs de ville et des espaces périurbains. Car, constate l\'auteur, depuis trente ans, les politiques publiques ont conduit à une mise en opposition des banlieues et des centres villes. Or ces derniers sont représentatifs de l\'identité française et sont un élément essentiel d\'une politique de la ville pour demain. Sans négliger pour autant le volet « banlieue » et « quartiers sensibles », il faut les réunir comme des éléments complémentaires d’une même vision de la ville.
Le président de la fondation « Le Temps des villes » estime que le temps est venu de privilégier les gens par rapport aux problématiques du bâti. Ceci étant, selon lui, d’autant plus nécessaire que :
- Plus de la moitié de la population française habite en ville (on dénombre 57 unités urbaines de plus de 100 000 habitants).
- La population connaît un vieillissement (20% de la population française a plus de 60 ans).
- La prise en compte du handicap va changer profondément la manière de concevoir la ville.
- Pour assurer une vraie qualité de vie, il faut créer du service, du logement, des équipements publics pour que les cœurs de ville assurent une vraie qualité de vie.

Il n’y a évidemment pas de modèle unique de cœur de ville : il faut à chaque fois faire du sur-mesure, s’adapter à la diversité des villes et des besoins de leur population. Cette spécificité explique que l\'action des maires s\'ordonne de plus en plus autour de trois objectifs majeurs : rendre la ville attractive, accessible et habitable, pour qu’elle devienne un nouvel espace d’accueil, de partage et d’identité. Or, si chacun de ces objectifs est nécessaire, aucun n’est suffisant, car « un cœur de ville doit pouvoir s’organiser en les combinant, pour se constituer en une véritable politique citoyenne. Une politique axée sur l\'homme pour vivre tous ensemble la ville de demain ».

Pour illustrer cette volonté, François Rivière définit des objectifs, qu’il assortit de propositions concrètes pour les atteindre :
1. Il faut simplifier, pour rendre plus efficaces et plus lisibles, les différentes structures traitant de la politique du logement et de la ville.
2. Il faut s\'efforcer de mieux tirer parti du foncier peu ou mal utilisé en centre-ville, et le densifier, pour créer du logement et des équipements.
3. Il est nécessaire d\'anticiper l’extinction des réserves foncières non bâties, en France, mais aussi en Europe, à l’horizon de 2050, en organisant l’urbanisme de demain comme une réinterprétation de la ville existante et du patrimoine bâti : la France doit devenir un pôle d’excellence européen en ce domaine.
4. Il est indispensable d\'encourager les initiatives citoyennes dans le cadre de modèles locaux de gouvernance et de partenariats, entre les municipalités, le tissu associatif et les entreprises.
5. Il faut donner la priorité à l’accessibilité dans les cœurs de ville, pour que les plans d’accessibilité des villes soient définis avant 2015.
6. Il faut inscrire la mobilité dans une grande chaîne des transports entre cœur de ville et périphérie, et dans le cœur de ville, avec la mobilité douce.
7. Des fonction nouvelles et concrètes doivent être confiées aux seniors pour favoriser le vivre ensemble et le bien commun dans les cœurs de ville
8. Il est nécessaire de tirer mieux parti des espaces interstitiels, relais entre les cœurs de ville et les espaces périurbains, pour créer des liens nouveaux entre les centres et les banlieues.
9. Il faut valoriser le commerce et les offres de service en centre ville, générateurs d’activités économiques, d’emplois et de qualité de vie.
10. L’idée d’un « Grand Paris » est l’occasion de rassembler une immense majorité de parisiens et de franciliens qui doivent être associés à ce projet.
11. La culture et l’éducation doivent constituer des pôles d’exemplarité de cœurs de ville.

Plan national de valorisation des cœurs de ville
Pour donner à ces objectifs la cohérence d’une véritable politique, François Rivière propose la mise en place d’un plan national de valorisation des cœurs de ville, autour de quatre priorités :
- Réformer les ressources fiscales et foncières des municipalités, en jouant à la fois sur la distribution des crédits et sur une orientation de leur utilisation (haute qualité environnementale, haute qualité d’usage…).

- Organiser localement les investissements de l’Etat autour d’orientations fortes : valorisation du patrimoine, politique du logement, accessibilité de la cité, citoyenneté et représentativité, tissu économique micro local (commerces de proximité, lieux de loisirs, accès aux soins…).

- Encourager les initiatives citoyennes dans le cadre de gouvernances et de partenariats rassemblant municipalités, associations et entreprises, et organiser l’accompagnement des maires et des élus dans une véritable démarche de quête de sens, incluant tous les acteurs de la ville.

- Renforcer le tissu du commerce et les accès aux services en centre ville.

Lors de la remise de ce rapport, Christine Boutin s\'est déclarée favorable à l\'organisation d\'un grand concours national des villes en 2008, dont les villes lauréates, sélectionnées pour leur dynamisme dans au moins trois domaines (patrimoine, environnement, offre de services, logement...) seront labellisées par le ministère du Logement et de la Ville. Elle a également souhaité la mise en place, dès le mois de juin, de pôles d’excellence de cœurs de ville. La FMVM ne manquera pas de tenir informés ses adhérents et de mettre son expertise à leur disposition.