ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°500 -

Quelle croissance à l'horizon 2030 ?


La crise globale en cours remet en cause les modèles économiques traditionnels et crée un climat de forte incer-titude. Dans ce contexte, la Délégation sénatoriale à la prospective, présidée par le sénateur de l’Eure, Joël Bourdin, a sollicité l'OFCE (Observatoire français des conjonctures économiques) afin qu'il apporte son éclairage sur les choix de court et moyen termes. Le principal message du rapport de l’OFCE est que les décisions de politique économique doivent d’abord éviter tout effet irréversible et privilégier un arbitrage donnant toutes ses chances à la reprise économique. Celle-ci serait, par ailleurs, confortée si des orientations plus structurelles remédiant aux déséquilibres révélés par la crise étaient résolument mises en œuvre.

Si les politiques économiques ont limité l’ampleur de la récession, il n’est pas sûr que la reprise sera forte ni durable. Une fois finie la période de déstockage, la consommation pourrait pâtir de l’essoufflement des mesures de relance interne, de l’affaiblissement de la demande extérieure et de l’augmentation du chômage. Ainsi, une reprise conjoncturelle forte et rapide qui, pourtant, limiterait les effets durables de la crise est loin d’être acquise et l’incertitude est renforcée par les déséquilibres structurels que la crise a projetés en plein jour. En effet, la crise a montré les dangers des excès de liquidités, toujours d’actualité, après plusieurs mois de politiques monétaires accommodantes, aujourd’hui à la recherche de « stratégies de sortie ». Par ailleurs, l’inadéquation entre régimes d’offre et de demande pourrait perdurer si une réflexion sur le partage de la valeur ajoutée et la dispersion croissante des salaires n’était pas engagée. Enfin, les principaux déséquilibres internationaux demeurent.
Il apparaît notamment qu’au niveau mondial, le risque d’un ajustement violent des taux de change ne peut pas être écarté, tandis qu’au niveau régional, la coexistence de modèles de croissance nationaux antagonistes crée des lignes de faille dont les conséquences continuent d’être sous-estimées. Ainsi, la coexistence d’une croissance française reposant sur la consommation des ménages et d’une croissance allemande dépendante de gains de compétitivité externe, stimulés par une politique salariale de désinflation compétitive, peut sembler gagnante pour l’Allemagne à court terme, mais à long terme, c’est une stratégie « perdants-perdants » pour la croissance européenne.

La crise aura-t-elle un impact durable sur le rythme de croissance de l’économie ? Le calcul de la croissance potentielle est particulièrement incertain, surtout dans le contexte d’un ralentissement brutal de l’activité… Plusieurs études estiment que la crise actuelle aura un impact négatif durable sur la croissance potentielle dans la plupart des grands pays industrialisés en raison de la chute de l’investissement et d’une hausse du chômage structurel essentiellement liée à la perte d’employabilité qu’engendre une inoccupation prolongée. Mais, il serait dangereux de conformer les politiques économiques à des perspectives d'emblée pessimistes. Le risque étant que ces politiques « cassent » la reprise et freinent à long terme la croissance potentielle. Il est donc préférable de donner toutes ses chances à la croissance, quitte à adapter les choix budgétaires en fonction des performances économiques.
La bonne santé de l’économie française est liée à deux enchaînements mis en évidence par le rapport de l’OFCE :
- La maximisation de la croissance potentielle, grâce à des politiques économiques propices à la croissance et des progrès structurels dans les domaines de la formation, de la recherche et de l'innovation.
- La confiance des agents économiques, manifestée par la baisse de l'épargne des ménages et la hausse de l'investissement des entreprises. Cette confiance est de nature à nourrir une croissance équilibrée à condition que les États membres de l'Union européenne coordonnent leurs politiques économiques.

Si ces deux conditions sont réunies, à l'horizon 2030, le chômage serait inférieur à 5 % et la dette publique sur le chemin d'un retour à 60 % du PIB. En revanche, si les ménages ne désépargnent pas ou peu et si les entreprises ne jugent pas profitable d'investir significativement, le chômage pourrait attein-dre 10 % et la dette publique dépasser 130 % du PIB.

n°500

03 Mars 2010

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