ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°607 -

Enseignement supérieur et Recherche - Des changements en perspective


Le 21 mai 2012, la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a réservé la première visite de son ministère au CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique). Lors du point presse qui a suivi, elle a annoncé que sa première mesure serait de demander, en accord avec le ministre de l’Intérieur, le retrait de la circulaire du 31 mai 2011 relative à la maîtrise de l’immigration professionnelle, dite « circulaire Guéant ». « C’est une urgence en termes humains, mais aussi en termes de rayonnement et de partage de la connaissance » a-t-elle souligné. C’est désormais chose faite, une nouvelle circulaire interministérielle ayant été publiée le 31 mai dernier. « Fruit d'un travail interministériel très consensuel », le texte tourne la page de dispositions administratives restrictives à l’égard des diplômés étrangers souhaitant accéder à une première expérience professionnelle en France ou souhaitant changer de statut. « Il va leur faciliter la vie et leur permettre de travailler dans de bonnes conditions » s’est réjouie Geneviève Fioraso.
Par ailleurs, la ministre a annoncé la tenue d’assises de l’enseignement supérieur et de la recherche, d’abord au niveau régional durant le mois d’octobre, puis au niveau national fin novembre-début décembre 2012. Durant la campagne présidentielle (Geneviève Fioraso était responsable du pôle innovation), cette mesure avait été annoncée en préalable à une « nouvelle loi d’orientation de l’enseignement supérieur et de la recherche » qui devrait être présentée au Parlement début 2013. L’objectif est de porter l’accent sur la concertation et « mettre fin à cinq ans de décisions qui n’ont pas été concertées » a déclaré la ministre. Ces assises de l’enseignement supérieur et de la recherche ne seront pas « des états généraux […] ni un foisonnement, une boîte à idée ». Il s’agira de « hiérarchiser les mesures, de s’interroger sur leur mise en œuvre, de mesurer leur adhésion, de faire en sorte de rééquilibrer les choses » a précisé Geneviève Fioraso. L’objectif n’est donc pas remettre en cause l’autonomie des universités (en atteste la composition du cabinet de la ministre) mais plutôt une refonte de la gouvernance des universités et des moyens qui leurs sont alloués par l’État. Sur ce dernier point, Geneviève Fioraso précisé qu’il y aurait un collectif budgétaire, mais qu’avant toute annonce, elle attendait l’audit de la Cour des comptes : « Nous ferons un bilan dans la troisième semaine de juin […] À partir de là, nous connaîtrons nos marges de manœuvre et le calendrier possible ».
D’autre part, la ministre a réaffirmé le rôle central des organismes de recherche dans la définition de la politique scientifique. Elle a également insisté sur sa volonté de simplifier l’organisation de la recherche, de renforcer l’attractivité de celle-ci avec, notamment, la reconnaissance du doctorat.

Aides sociales étudiantes
Parmi plusieurs mesures d’urgences adressées au nouveau gouvernement, la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), deuxième organisation étudiante, propose de remplacer le système actuel des bourses par une « aide globale d’indépendance » (AGI). Ce dispositif vise à refondre l’ensemble des aides actuelles, qu’elles soient directes (les bourses sur critères sociaux et les aides au logement) ou indirectes (la demi-part fiscale octroyée aux parents d'étudiant).
L’idée est que les étudiants aient accès à la bourse et à l’aide au logement via un dossier unique géré par le CROUS. Sur la partie « vie quotidienne », l’aide serait progressive pour éviter les effets de seuil et prendrait en compte les revenus du foyer sauf pour les étudiants en rupture familiale. Pour le logement, l’aide serait la même pour tous, hors critères sociaux, mais en fonction des prix des loyers dans la zone concernée.
La suppression de l’avantage fiscal lié à la demi-part fiscale, permettrait, selon la Fage, d’augmenter les aides directes de 50 % pour les étudiants issus des classes moyennes et de 25 % pour ceux issus des familles les moins aisées. Un tel calcul avait déjà été réalisé par le syndicat concurrent, l’UNEF, qui partage les mêmes revendications. Avec une nuance de taille : la FAGE reste favorable à un calcul de bourses sur critères sociaux quand l'UNEF milite pour un revenu universel, c'est-à-dire en fonction de la situation de chacun et non du revenu familial. L’UNEF s’est prononcé en faveur d’un plan d’urgence sur la vie étudiante.
On rappellera que selon les résultats d’une enquête récente de la mutuelle LMDE, un étudiant sur deux vivrait avec moins de 400 euros par mois, 19 % n’auraient pas de complémentaire santé et 34 % auraient renoncé à consulter un médecin lors des douze derniers mois.

n°607

06 Juin 2012

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