La démarche EcoQuartier s'est récemment renouvelée pour répondre au mieux aux besoins des communes quels que soient leur taille ou leur contexte. En quoi est-elle particulièrement adaptée aux enjeux de transition écologique et sociale dans les projets d'aménagement aujourd'hui et comment peut-elle porter la transition des territoires ?
En tant qu’élu local, je constate tous les jours la multiplication des crises économiques, sociales et écologiques à l’échelle locale et leurs conséquences sur nos territoires et leurs habitants. Cela nous impose de repenser en profondeur notre conception de la fabrique de la ville ! A travers le renouvellement de la démarche ÉcoQuartier j’ai eu à cœur de passer d’un label d’expertise et de pionniers isolés, à un dispositif ouvert et lisible permettant ainsi la conversion d’un maximum de villes et de villages aux défis du siècle : sobriété dans la consommation des ressources

naturelles et de l'énergie, résilience notamment face au changement climatique et aux risques naturels, inclusion et création de valeurs sur les territoires.
Le premier axe de la démarche ÉcoQuartier renouvelée, c’est une labellisation focalisée sur les quartiers livrés et vécus pour valoriser les projets les plus vertueux, avec la mise en place d’indicateurs performanciels pour quantifier les impacts des projets. Ces projets les plus vertueux trouvent bien souvent leurs racines dans un diagnostic précis du territoire et des besoins des habitants, mais aussi dans une intégration dès les phases amonts des citoyens dans l’élaboration du projet.
Le deuxième axe, c’est la réalisation d’un guide de l'aménagement durable, accessible en version numérique, qui est une grille d’analyse et de questionnement, qui permet d’éclairer les choix des décideurs pour trouver des solutions contextualisées et adaptées aux spécificités de leur territoire.
Enfin, le troisième axe de la démarche renouvelée est le déploiement d’une nouvelle offre complète d’accompagnements des collectivités sur tous les territoires. Pour arriver à de nouvelles manières de construire et de rénover les villes et villages de demain, il est primordial d’offrir aux élus une véritable boite à outils financière et d'ingénierie, pour les accompagner concrètement dans les changements et les transitions.

A qui s'adresse la démarche ÉcoQuartier et pourquoi la rejoindre ?
A tous les élus locaux motivés pour accélérer la transition écologique et sociale de leurs territoires. Pour ce faire, un point essentiel du renouvellement de la démarche a été de donner à chaque maire, qu’il soit élu d’un milieu rural ou urbain, des moyens en ingénierie et financiers supplémentaires. La démarche permet maintenant d’accéder à un accompagnement en ingénierie sur mesure et sur 3 ans par le Cerema (avec chaque année, une quinzaine de lauréats), des accompagnements individuels et collectifs de France Villes et Territoires Durables, un accompagnement de l’ADEME et Efficacity sur l’impact carbone des projets et des ateliers des territoires portés par le Ministère de la Transition Ecologique.
J’ai aussi souhaité que la Banque des Territoires accompagne les élus qui veulent refaire la ville sur la ville et accélérer la transition écologique dans leurs territoires, via du co-financement de l’ingénierie territoriale pour mieux faire face aux transitions, en agissant notamment sur le portage foncier des villes et des villages. La Banque des Territoires va aussi soutenir par des offres de prêt et d’investissement les élus locaux engagés dans la démarche ÉcoQuartier.
Rejoindre la démarche, c’est bien sûr bénéficier de ces accompagnements, mais c’est également bénéficier des expériences des autres collectivités, grâce notamment au club EcoQuartier, c’est s’ouvrir sur de nouvelles perspectives et c’est au final s’engager de façon résolue et opérationnelle dans la transition écologique de son territoire.
L'exemple de Laval doit être inspirant. Le départ du 42ème Régiment de Transmission a laissé en 2011 vacant un espace de 50 hectares, et en même temps offert une formidable opportunité de recréer la ville sur la ville et de donner naissance à un nouveau quartier ouvert, durable et écologique. Le quartier Ferrié, désormais labélisé Écoquartier depuis 2021, participe au renouveau urbain de Laval par la richesse de sa mixité : logements, commerces, bureaux, équipements publics et espaces naturels. C'est aussi un projet issu d’une concertation citoyenne importante, qui a permis d’enrichir l'expérience vécue des habitants et de rendre vivant ce quartier dès la phase de chantier.
Pour vous donner d’autres exemples, la démarche s’adresse aussi à un maire d’un bourg rural qui souhaiterait revitaliser sa commune, y faire revenir des services et des commerces afin de faire bénéficier à tous les habitants du modèle d'urbanisme durable des ÉcoQuartiers.

Au salon des maires, en 2022, plusieurs conventions de partenariat ont été signées entre vous-même, Président de la Commission nationale ÉcoQuartier, et plusieurs associations d'élus dont Villes de France. En quoi cette collaboration est-elle importante pour mieux accompagner les collectivités locales dans la conception et la réalisation de leurs projets ?
Accompagner tous les élus vers de nouveaux modèles d’aménagement plus soutenables, c’est le cœur du partenariat entre Villes de France et la démarche Écoquartier. Celle-ci répond aux attentes des collectivités adhérentes de Villes de France, en offrant une nouvelle boite à outil financière et en ingénierie, un guide de l’aménagement durable, des formations gratuites, un label reconnu ou encore des correspondants dans les départements qui sont présents à chaque étape des projets.
Et je reste persuadé que renforcer nos liens entre élus, nous inspirer mutuellement, c’est nous donner les capacités de construire collectivement de nouveaux récits pour reconstruire les villes, les repenser et préparer les territoires de demain.