Alors que la guerre en Ukraine a amplifié une crise énergétique, les collectivités mais aussi l’Etat, les entreprises et les particuliers sont invités à une transition énergétique accélérée et notamment à des démarches de sobriété énergétique. La ministre Agnès Pannier-Runacher souhaite pousser les curseurs au maximum sur toutes les énergies renouvelables afin de répondre aux besoins de consommation. Par ailleurs, les usages plus sobres comme la mobilité électrique doivent se développer. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de la transition énergétique pour les villes moyennes et leurs intercommunalités avec une interview de Pierre Guelman, Directeur des Affaires Publiques d’Enedis.
Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition énergétique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ? Comment le partenariat entre Enedis et Villes de France contribue-t ’il à y répondre ?
Les transitions énergétiques seront conduites à la maille des territoires et grâce à leur mobilisation. Les villes moyennes et leurs EPCI en prennent toute la mesure et identifient parfaitement les enjeux : développement de toutes les énergies renouvelables, mobilité électrique, sobriété des usages…
La question centrale reste celle des leviers disponibles, de la capacité des villes à mobiliser l’expertise et à entrainer citoyens et acteurs territoriaux.
Sur 95% du territoire national, Enedis, Service Public, est pleinement actrice de cette nouvelle révolution énergétique de la France. Plus de 90% des productions d’énergies renouvelables (autoconsommation collective comprise), toutes les infrastructures publiques de recharge, sont ainsi raccordées sur le réseau que nous gérons, et qui appartient aux collectivités locales.
C’est dire à quel point nous sommes en capacité d’accompagner les villes en amont et dès la conception de leurs projets. C’est le cœur de notre partenariat avec Villes de France, de plus en plus nourri pas cette mise à disposition des outils, principalement en matière de données. Qu’il s’agisse des données réseau, consommation, production, thermosensibilité, elles sont au cœur des politiques publiques d’action et de planification. « Action Cœur de Villes », dont nous sommes les partenaires, en est l’une des illustrations.
Je veux rappeler à vos lecteurs qu’en 2022, Enedis a lancé l’Observatoire français de la Transition Ecologique, qui donne à voir les dynamiques territoriales en matière de consommation, de mobilités, d’ENR et d’autoconsommation.
Enedis est devenue une entreprise à mission le 27 juin 2023. Quels sont les objectifs de la démarche ?
Nous sommes très fiers d’être la première entreprise sur le secteur de l’énergie, à s’engager ainsi, autour de cinq « raisons d’agir » pérennes et mesurables, qui soutiennent les engagements, contrôlés par un comité de mission :
- Agir pour l'électricité : pour garantir un réseau de distribution performant, qui accompagne les modes de production décentralisés et les usages sobres et innovants de l’électricité
- Agir pour l'environnement : pour que les enjeux climatiques, la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles, soient intégrés dans les activités d’Enedis.
- Agir dans les territoires : en s’engageant au plus près des collectivités, pour la cohésion et de la résilience des territoires.
- Agir en collectif : avec son écosystème partenarial pour un service public inclusif et solidaire, proche des clients.
- Agir avec respect : pour que la diversité des personnes et des parcours, ainsi que la santé et la qualité de vie au travail soient partie des métiers d’Enedis.
Le premier Comité de Mission d’Enedis s’est tenu le 12 septembre 2023 en présence de Marianne Laigneau. Composé de 9 personnalités externes et de 2 salariés d’Enedis, il a pour objet de veiller à la bonne mise en œuvre de nos 5 objectifs statutaires, nos « raisons d’agir », et de nous challenger afin qu’Enedis assure un service public responsable, au bénéfice de la société toute entière.
L’État a adopté la loi d’orientation des mobilités, qui fixe comme objectif la fin de la vente de voitures particulières et de véhicules utilitaires légers neufs utilisant des énergies fossiles d’ici à 2040. La mobilité électrique connaît un réel essor. Quelle est la vision et quels sont les outils d’Enedis pour le déploiement de la mobilité électrique ?
Le réseau public de distribution d’électricité joue un rôle déterminant pour décarboner les transports car il doit alimenter 100% des recharges de véhicules électriques, publiques ou privées. Il n’y a pas de mobilité électrique sans les infrastructures associées. Nous estimons à 17 millions le parc de VE et hybrides d’ici 2035 (estimation Enedis/RTE), ce qui représente une consommation de 35 à 40 TWh, soit 8% de la production électrique totale française.
Dans cette perspective, il nous faut en particulier :
- Raccorder les bornes de recharge publiques : plus de 100 000 bornes sont aujourd’hui installées sur la voie publique, 400 000 bornes le seront en 2030
- Favoriser l’équipement des copropriétés, particulièrement dans les villes. Près de 80% des recharges se font à domicile. L’enjeu est considérable puisqu’aujourd’hui, seuls 1% à 2% des immeubles en copropriété (en France 182.000 copropriétés de plus de 10 logements et disposant d’un parking) bénéficient d’un équipement (qui plus est souvent partiel) en infrastructures de recharge.
Afin d’encourager l’équipement des copropriétés, la loi Climat & Résilience a permis d’introduire un mécanisme essentiel de préfinancement des infrastructures collectives nécessaires pour la recharge des véhicules électriques par le tarif des réseaux d’électricité (TURPE) lorsque cette infrastructure collective est directement confiée à Enedis par les copropriétés.
Vous le voyez, nous sommes au seuil d’une seconde électrification de la France, Villes de France et ses adhérents peuvent compter sur Enedis et ses interlocuteurs de proximité.