ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°308 -

Nouvelles habitudes de mobilités : quelles mutations dans les villes moyennes ?



Chute des recettes pour les Autorités organisatrices de mobilité durable (AOMD), développement du vélo, expérience grandeur nature du télétravail, la crise sanitaire a modifié bien des comportements en matière de mobilités. Cette séquence a permis de revenir sur les mutations en cours dans le secteur des transports et la nécessaire réappropriation par les usagers des transports collectifs.
Olivier Gacquerre, maire de Béthune, président de la CA Béthune-Bruay Artois Lys Romane (CABBALR) a présenté l’organisation de la mobilité dans une agglomération multipolaire, composée de 100 communes et comportant 280 000 habitants. Celui-ci est revenu sur l’importance des interconnexions de son bassin de vie avec la métropole Lilloise, afin de le désenclaver, et surtout de limiter l’usage de la voiture en solo qui s’est malheureusement répandu avec la crise sanitaire. L’agglomération se mobilise ainsi sur le « territoire des 30 minutes » qui consiste à mettre en place de « mini-hubs », avec des circuits de logistique urbaine, pour fluidifier les déplacements et faire diminuer l’utilisation des véhicules motorisés qui se situe à 85% environ.
Denis Thuriot, maire de Nevers et président de la CA de Nevers a précisé que son agglomération se situe dans la Nièvre (58), territoire peu dense. Il a dû organiser la mobilité dans une agglomération isolée et où il faut pratiquement aller chercher les usagers. Les axes d’évolutions sont ainsi orientés sur les recherches de cheminement, sur l’amélioration de la connaissance du transport à la demande, le développement de nouvelles offres de transports, l’articulation bus – taxis…Il a rappellé les quatre propositions de Villes de France pour la relance en matière de mobilité.
Laurence Battle, présidente du directoire de RATP Dev, est revienue sur la sortie de crise du premier confinement de mars 2020, et a indiqué que les opérateurs ont été au rendez-vous en termes d’organisation du service, avec les relations de confiance établies avec les autorités organisatrices, même si les impacts financiers sont significatifs.
Parmi les tendances, elle a relevé que 8% des abonnés ont basculé pendant la crise pour rester sur le mode voiture. L’enjeu est donc de développer la capacité des opérateurs et AOMD à rendre du temps aux usagers, de ré-attirer les clients, et de contrebalancer les pertes liées à la crise.
Marie-Ange Debon, présidente du directoire du groupe Keolis, a évoqué également le contexte économique des transports et a souligné l’importance de recréer de la confiance dans le transport collectif. Elle a précisé que la transition énergétique va susciter une réutilisation, redonner confiance avec le confort des bus électriques, et permettre de récupérer des passagers. Prendre les transports publics est un acte moderne, à condition de retravailler l’expérience usager. Vis-à-vis du télétravail, celui-ci aura à l’évidence un impact, Keolis axe actuellement ses offres sur la flexibilité des horaires, afin de gérer différemment les heures de pointe.
Edouard Henaut, directeur général France de Transdev, a estimé lui aussi que 8 à 10% des usagers se posent la question de la poursuite de l’utilisation des transports collectifs. Il y a aujourd’hui beaucoup d’éléments d’incertitude, mais il y a de l’espoir. Ce qu’attendent les clients est plus de proximité, plus d’individualisation dans la mobilité, plus de flexibilité. Il faut dont travailler sur la meilleure offre possible, et développer les possibilités de stationnement sur les terminus des lignes.
Transdev prend également en compte la dimension cyclable dans les villes (cf. enquête Ipsos de 2019 sur le vélo), avec le développement de ce mode en périphéries et l’explosion des services de location de vélos à assistance électrique. Une étude est lancée par Transdev à ce sujet avec Villes de France.
Eric Steil, directeur marketing et développement TER à la SNCF, a évoqué l’accélération des mutations dans les transports ferroviaires du quotidien, les changements d’habitudes de déplacement, le développement de nouvelles formules d’abonnement pour tenir compte du télé-travail (forfaits abonnement travail à 10, 20 ou 30 trajets), les bouleversements au niveau de l’offre capacitaire, de l’accession digitale (50% de titres dématérialisés avant crise pour atteindre aujourd’hui plus de 70%).
Il a souligné que le tourisme vert, constitue un réél volet de croissance, pour développer les relations ferroviaires entre villes moyennes. La région Centre-Val-de-Loire était à cet égard un terrain d’expérimentation idéal, avec la Loire à vélo.

n°308

13 Juil 2021

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