Alors que Villes de France et Villes Internet ont publié « Numérique et gestion de crise locale : des enseignements pour penser l'avenir des villes », Ondes urbaines a interviewé Mathieu Vidal, adjoint au maire d'Albi et président de Villes Internet.
La preuve d’un partenariat dynamique et vivant réside dans sa réactivité face à l’actualité. En l'occurrence, alors que la crise sanitaire n’est pas encore dernière nous, Villes de France et Villes Internet ont très tôt décidé de mettre leurs compétences et leurs réseaux en commun pour aider les collectivités qu’elles représentent. C’est ainsi qu’est née la grande enquête sur la gestion de crise lancée en décembre 2020. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La crise sanitaire a mis en exergue la place du numérique d’une façon si particulière : à la fois rassembleuse et palliant certaines situations, mais exacerbant par ailleurs certaines fractures. Ainsi, que ce soit dans le cadre de l’activité professionnelle, pour l’éducation, pour maintenir le lien social, pour s’informer et se divertir, le numérique a constitué un outil majeur au chevet du maintien de l’activité et du lien social dans tous les territoires, mais montrant aussi de manière criante les risques de la dématérialisation à marche forcée. C’est aussi avec cette crise que l’urgence écologique est devenue une réalité aux yeux du plus grand nombre, y compris pour le numérique.
Cette enquête est une initiative inédite. C’est la première fois qu’une synthèse est réalisée pour mettre en exergue les actions (et aussi les éléments en creux) des collectivités avec le numérique en matière de gestion de crise locale. Nous avons mis l’accent sur les villes moyennes et leurs intercommunalités car elles représentent une diversité de contextes avec une grande force d’action.
Dans les retours et résultats, on retrouve beaucoup d’initiatives en matière de soutien à l’économie locale, au maintien de la cohésion sociale, à la continuité du service public et à l’accès à la culture. Et on se rend compte également que la cybersécurité ou encore la mutualisation des services numériques ainsi que la gestion de la donnée restent encore des points de vigilance.
D’une manière générale, Villes Internet se donne pour ambition de contribuer à l’émergence de politiques numériques locales et au développement de l’Internet citoyen. Quelles principales actions sont mises en œuvre par l’association à ces fins ?
Villes Internet est une association ayant pour caractéristiques d’être transpolitique et présidée, depuis sa création, par un universitaire. Forte de 450 membres (villes et intercommunalités) l’association a pour objectif de valoriser les actions portées par les collectivités en matière de numérique, tout en les accompagnant dans leur transition. Les villes Internet sont en grande partie des Villes moyennes : la moitié a déjà été labellisée et elles représentaient également plus de 50 % des villes distinguées au dernier palmarès 2021. Le Label constitue sûrement la partie la plus connue de l’action de l’association. En effet, depuis sa création, pas moins de 2200 villes ont été labellisées. Et le Label évolue annuellement, puisqu’en 2021 ont été décernées les premières arobases vertes, symboliques de l’investissement des collectivités en matière de transition numérique. On espère d’ailleurs voir ces arobases vertes continuer de fleurir à la prochaine cérémonie du 3 février 2022.
Mais au-delà, ce sont pas moins de 10.000 acteurs qui sont mis en réseau, notamment grâce aux 30.000 actions figurant dans l' « Atlaas » qui recense les actions récentes des collectivités.
Enfin, Villes Internet se veut évidemment le porte-parole de ses membres auprès de l’État, notamment en organisant le Congrès national des élu·es au numérique puis en portant la motion qui en est issue au gouvernement. Le rendez-vous est déjà pris avec les les élu·es au numérique le 7 octobre prochain.
Cela fait 7 ans que Villes de France et Villes Internet ont noué ce partenariat. Quels sont selon vous les enjeux communs des prochains mois ?
Nos deux associations sont absolument complémentaires ; et en particulier sur les enjeux du numérique. C’est bien pour cela que nous nous apprêtons à renouveler notre convention de partenariat très prochainement. C’est ainsi un honneur de compter avec la présence de madame Caroline Cayeux au sein du conseil d’administration de l’association.
En matière de numérique, Villes Internet peut évidemment apporter son expertise forgée au cours de ses plus de 20 ans d’existence. Les enjeux sont multiples et évoluent rapidement, mais le travail mené conjointement avec la publication « numérique et gestion de crise locale » a déjà montré notre capacité conjointe à se saisir de manière rapide des principaux enjeux contemporains. Il reste encore beaucoup de pistes de travail à engager, qui préfigurent à n’en pas douter une longue collaboration entre Villes de France et Villes Internet.