La transition écologique fut au cœur des campagnes municipales et va faire l’objet de nouveaux projets dans les villes de taille moyenne et leurs intercommunalités. Le plan de relance crédite 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont de nombreux crédits pour les territoires comme les 1,3 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics des collectivités. Les futurs contrats de relance et de transition écologique (CRTE) porteront l’appui de l’État aux projets de territoire. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de transition écologique portés par les maires de villes moyennes et les présidents d’intercommunalités.
Trois questions à Monsieur Marc Gricourt, maire de Blois, secrétaire-adjoint de Villes de France
Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition écologique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ?
Selon moi, les trois enjeux majeurs sont :
Le maintien d'une qualité de vie qui est aujourd'hui reconnue aux villes moyennes :
- La proximité immédiate d'espaces de nature, dont la préservation et la valorisation permettent d'offrir à la population des espaces de ressourcement, d'apaisement et de lien social
- La proximité avec la production agricole et alimentaire, dont la qualité est un enjeu majeur en termes de santé publique et de protection de la biodiversité
- La qualité environnementale globale (qualité des eaux, qualité de l'air), qui font aujourd'hui des villes moyennes des lieux où il fait bon vivr
L'adaptation indispensable aux effets du changement climatique :
- Mettre en œuvre la transition écologique, c'est anticiper l'évolution de son territoire face aux effets du changement climatique déjà ressentis, ou à venir à court terme : sécheresse, canicule, incendies, événements météo violents, modification de l'agriculture et de la production alimentaire, moindre disponibilité des énergies fossiles, …
- Il est indispensable de se préparer pour être moins vulnérable, et plus résilient après avoir affronté une crise
La participation à l'atteinte d'objectifs nationaux et internationaux :
- Les villes moyennes, de par leur proximité avec leurs habitants et la nature de leurs compétences, sont des leviers majeurs du changement. C'est par leur participation active et leur implication dans la transition énergétique et écologique que les engagements ambitieux, mais pour autant indispensables, des autorités nationales, européennes et internationales, pourront être tenus.
Pouvez-vous présenter une initiative de votre collectivité que vous souhaiteriez partager ?
Avec des températures extérieures qui dépasseront, en été, les 40°C à l'ombre, de plus en plus souvent et sur des périodes de plus en plus longues, il était indispensable de repenser l'aménagement des espaces publics pour qu'ils deviennent « climat-compatibles », et qu'ils soient vivables et agréables pour les blésois, dans les prochaines décennies.
Pour cela, les trois éléments suivants sont systématiquement étudiés à chaque projet d'aménagement d'espace public, pour favoriser le rafraîchissement et la biodiversité :
- la gestion des eaux pluviales : permettre à l'eau de s'infiltrer au plus près de l'endroit où elle tombe, et de remplir sa fonction naturelle (rafraîchir l'atmosphère, hydrater les sols et les végétaux, régénérer les nappes souterraines) ;
- la végétalisation : remettre le végétal au cœur des aménagements, pour lui permettre de remplir ses fonctions de rafraîchissement (ombre, évapotranspiration), de développement de la biodiversité (habitats naturels) et de bien-être social (qualité paysagère) ;
- la nature et la qualité des revêtements de sol : limiter la chaleur, favoriser l'infiltration des eaux.
La collectivité forme actuellement une dizaine d'agents travaillant sur les projets d'aménagement à l'utilisation d'un outil appelé Score-ICU (ICU = Îlot de Chaleur Urbain). Ainsi, grâce à cet outil d'aide à la décision pouvant être utilisé dès le plus petit projet, la collectivité sera en mesure de choisir le scénario d'aménagement le plus favorable en matière de rafraîchissement.
En tant qu’élu local, quelles sont vos attentes vis-à-vis des institutions pour faciliter la transition écologique dans les territoires ?
Si on ne peut pas nier que l'obtention de moyens financiers reste indispensable pour opérer plus rapidement la transition des territoires, l'autre levier important est une mise en cohérence des différentes politiques portées par l'État avec les enjeux de transition énergétique et écologique. En effet, on constate souvent des incohérences, et même des contradictions, entre des Ministères qui pourtant devraient tous aller dans le même sens.
Un exemple concret : l'enjeu de la gestion de l'eau d'une part et les exigences des politiques sportives d'autre part. Depuis plusieurs années maintenant, la France est soumise à des conditions météorologiques intenses en matière de chaleur et de sécheresse, entre le mois de juin et le mois de septembre. Des arrêtés « sécheresse » sont imposés par l'État, à juste titre, aux collectivités, entreprises et habitants, afin de limiter les consommations d'eau et de préserver les cours d'eau.
Or, tous les maires sont confrontés à la même problématique : comment maintenir en état les terrains de sport engazonnés et répondre aux attentes et à la sécurité de leurs usagers (pratiquants du football et du rugby), sans arroser ? La solution serait simple : ne plus accéder à ces terrains en période de sécheresse ! Or, les exigences des fédérations sportives, notamment en matière de calendriers de compétitions, sont incompatibles avec ces exigences environnementales.
Ces contradictions doivent être effacées pour que la transition écologique puisse s'accélérer, et que nous allions tous dans la même direction, dans un souci, toujours, d'intérêt général.