Après une enquête sur la politique des zonages en matière d’habitat en 2016, un nouveau focus de l’Observatoire de l’habitat des Villes de France, réalisé en partenariat avec le Groupe Caisse des Dépôts et l’Union sociale pour l’habitat (USH), cherche cette année à étudier les incidences de la présence de Quartiers Prioritaires de la politique de la Ville (QPV) sur la situation des villes observées depuis la mise en place de la réforme en 2014.
Premier point après la réforme de 2014
Pour mémoire, l’identification des QPV est fondée sur la concentration de population dont les ressources sont inférieures à 60% du revenu médian national, soit le seuil de pauvreté. Les QPV ont permis de redéfinir les périmètres d’intervention de la géographie prioritaire de la politique de la ville pour concentrer les moyens aux territoires les plus en difficulté. Ils simplifient les anciens dispositifs ZUS, ZRU, CUCS, etc. Afin d’étudier l’incidence des QPV sur les grandes dynamiques en termes d’habitat et de population, il a été décidé de procéder à une analyse sur les villes étudiées par l’Observatoire.
Peuplement familial en situation fragile
En lien avec un profil nettement plus familial, les villes où la moitié de la population habite en QPV sont très nettement plus « jeunes » que les autres villes. Ce sont également les communes où les ménages sont les plus fragiles d'un point de vue socio-économique (tant en termes de ressources qu’en termes de rapport à l’emploi). En effet, à mesure que la proportion d’habitants en QPV croît, les ressources des ménages diminuent, constat logique puisqu’il s’agit du principal critère de constitution des quartiers prioritaires. Le même phénomène est observé en ce qui concerne la part d’actifs en emploi.
Déficit migratoire et population en QPV
En termes d’évolutions démographiques, les villes du panel étudié font face à un déficit migratoire. Celui-ci est d’autant plus important que la proportion d’habitants en QPV est élevée, malgré une forte attractivité de l’emploi sur ces villes avec QPV. Le déficit migratoire est en revanche assez faible pour les communes sans QPV qui accueillent pourtant plus d’actifs que d’emplois, très certainement dans une logique de périurbanisation résidentielle. Pour autant, ce déficit migratoire ne pourrait être expliqué par le seul poids des quartiers en QPV, d’autres éléments liés à l’adaptation de l’offre, aux aspirations résidentielles des ménages sont à prendre en compte. Pour toutes les catégories de villes, hormis celles avec 12% à 25% d’habitants en QPV, le solde naturel comble le déficit migratoire. La croissance est par ailleurs aussi très faible dans les communes dont 25% à 50% de la population habite en QPV, illustrant la moindre tension en termes d’habitat sur ces villes.
Production et diversification de l’offre sociale
L’étude montre que la construction de logements sociaux répond à la tension sur le marché de l’habitat dans ces territoires observés : l’indice de construction de logements sociaux est en effet plus élevé dans les communes à très forte concentration d’habitants en QPV (en lien avec la reconstitution de l’offre démolie dans le cadre du Programme National de Renouvellement Urbain et du foncier plus abordable dans les secteurs QPV) et concernées par une forte pression de la demande locative sociale. Elle est également un peu plus élevée dans les communes sans QPV que dans les autres catégories de villes afin de répondre à un effort de rattrapage en termes de logements sociaux, moins développés sur ces communes. Remarquons que l’offre sociale produite dans les villes logeant une proportion importante d’habitants en QPV est plus souvent développée en PLS, témoignant d’une diversification de l’offre sociale produite
dans des quartiers comprenant une part très importante de logements sociaux.
L’étude.
Le site de l’Observatoire de l’habitat.