ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°70 -

Les défis du vivre ensemble pour les Villes de France


Lors de la cérémonie des vœux qui s’est tenue le 19 janvier 2016 au Sénat, Caroline Cayeux, présidente de Villes de France, sénateur maire de Beauvais, entourée de nombreux maires membres de l’association (*) ainsi que du président de l'AMF, François Baroin, a pu évoquer les défis qu’auront à relever les villes et leurs intercommunalités en 2016. Retour sur les points clés...
Le premier de ces défis, c’est le « bien vivre ensemble ».
Les attentats nous imposent de repenser nos leviers d’action en faveur du vivre ensemble.
"Bien vivre ensemble" c’est aussi assurer à chacun un niveau de services publics locaux de qualité : un habitat digne, un bon niveau d’éducation et de formation, un accès à la santé ; c’est pouvoir pour chacun vivre de son travail et exercer sa citoyenneté. Les nombreuses politiques publiques locales doivent contribuer à une plus grande cohésion.
En préambule Caroline Cayeux a affirmé "... Nous, maires et présidents de Villes de France, nous nous engageons, pour nos concitoyens, pour nos enfants et aussi pour notre pays, à relever le défi du développement économique et de la cohésion sociale. Le mandat que nous exerçons est avant tout celui de la proximité. Ce sujet du "Bien vivre ensemble" nous l’approfondirons à l’occasion de notre Congrès annuel de 2016, qui se tiendra à Beauvais, les 23 et 24 juin prochain".
Relever le défi essentiel du développement local.

Les Villes de France constituent un atout irremplaçable pour faire obstacle aux fractures territoriales qui se creusent entre les métropoles et les territoires ruraux... La vie française ne se réduit pas à 13 métropoles ni à 13 régions. Or le dynamisme de nos cités repose en grande partie sur l'attractivité de leur centre ville. Aussi le thème de la revitalisation des cœurs de villes s’est imposé naturellement pour les prochains Rendez-vous de l’intelligence locale que nous tiendrons le 15 mars 2016 sur le thème : "Faire battre les cœurs de villes".
Nouer des relations constructives dès cette année avec les grandes régions

Les politiques régionales doivent s’appuyer sur les pôles urbains pour irriguer l’ensemble du territoire régional. Concrètement, pour développer l’économie et l’emploi, nous veillerons à être systématiquement consultés lors de l’élaboration des fameux "schémas" de développement économique, d’aménagement du territoire…
Nous avons recontacté tous les présidents de région, en leur présentant nos demandes, telles qu’elles ont été formulées dans l’Adresse élaborée lors du dernier Congrès Villes de France, en octobre 2015.
En matière de transports
Concernant l’interconnexion de nos villes, 2016 sera bien « l’année de la bataille du rail ». S’agissant de la mobilité ferroviaire, nous estimons que :
-   la restructuration de l’offre ferroviaire en France ne doit pas être tranchée uniquement par Bercy et la SNCF, avec une consultation qui se limite aux seuls exécutifs régionaux.
-   un débat doit être ouvert en urgence devant la représentation nationale sur l’avenir des Trains d’équilibre du territoire (TET) (qui desservent essentiellement nos villes et agglomérations).
En matière de sécurité
Responsables de la tranquillité publique, nous continuons aujourd’hui de penser qu’il faut éviter le mélange des genres. La responsabilité de la « sécurité publique » et de « l’ordre public » doit rester à l’État, puisqu’il s’agit d’une compétence régalienne.
Depuis les attentats, émerge ici ou là, la question de la généralisation de l’armement des policiers municipaux. Sur cette question sensible, nous voulons éviter tout débat précipité qui serait dicté par l’émotion.

 


En dépit du contexte actuel, nous appelons à la prudence pour tout ce qui tendrait :
-       à armer systématiquement nos policiers municipaux
-       et à "remunicipaliser" la sécurité publique.
Réussir les évolutions intercommunales
Avec l’élargissement des périmètres intercommunaux, qui seront effectifs au 1er janvier 2017, nous devons redimensionner nos politiques publiques dans un contexte de baisse de moyens. La mutualisation et le management des ressources humaines seront nos priorités pour 2016.
En matière de finances
Villes de France est provisoirement soulagée du report de la réforme de la DGF au 1er janvier 2017. Ce report – les principes étant cependant adoptés ! - doit être une occasion de s’interroger sur les transferts opérés entre strates de collectivités, en particulier de l’urbain vers le rural.
Le Gouvernement doit remettre au Parlement, avant le 30 juin 2016, un rapport dont l’objet est d’approfondir l’évaluation des dispositions de cette réforme, notamment en fonction des nouveaux périmètres des EPCI. A notre sens, ce rapport devra proposer des adaptations significatives aux règles de répartition pour l’instant prévues dans la LFI pour 2016
Dans un second temps, Jean-François Debat, en tant que président délégué de Villes de France, a ajouté que, les villes de taille infra-métropolitaine, sont des points de repères pour les citoyens. Le mandat de maire est celui des exigences en direct. Nos villes constituent un trait d’union indispensable entre les territoires. Mais pour apporter les services attendus par la population, il faut des moyens en rapport avec ces attentes.
Nous sommes arrivés à la limite supportable de la baisse des dotations, pour pouvoir maintenir les investissements publics. Contrairement à ce que disent certains, ce n’est pas le train de vie de nos administrations qui est en question, car nous avons réduit autant que possible nos dépenses de fonctionnement.
Il nous paraît important d’expliquer le quotidien de nos communes et lançons un appel aux medias pour venir voir in situ ce qu’est un budget communal.
Enfin François Baroin, sénateur-maire de Troyes, en tant que président de l’Association des Maires de France, mais aussi que membre de Villes de France, a également présenté ses vœux.
Faisant écho aux propos de Caroline Cayeux, il a estimé que c’était une erreur de faire porter l’effort de réduction des dépenses par les communes. L’impact de la baisse des investissements locaux serait de 0,6 à 0,8 point de croissance. Il a rappelé que les communes et intercommunalités portent 60% de l’investissement public.
Reprenant les priorités exprimées par la présidente de Villes de France, il a insisté sur le fait que la revitalisation des centres villes est un défi effectivement majeur. C’est un élément de reconquête des territoires. De même en matière de transport, il a soutenu les propositions de Villes de France en reconnaissant que la politique du tout TGV doit être remise en cause.

(*) Jérôme BALOGE, maire de Niort, président de la CA de Niort, François BAROIN, ancien ministre, sénateur-maire de Troyes, André BILLARDON, ancien ministre, maire honoraire de Le Creusot, Bruno BOURG-BROC, président de la CA Cités-en-Champagne, président d’honneur de Villes de France, Philippe BUISSON, maire de Libourne, président de la CA du Libournais, Frédéric CHEREAU, maire de Douai, Jean-François DEBAT, maire de Bourg-en-Bresse, Michel HEINRICH, député-maire d’Epinal, président de la CA d’Epinal, Jacques LAMBLIN, député-maire de Lunéville, Frédéric LETURQUE, maire d’Arras, Pierre MÉHAIGNERIE, ancien ministre, maire de Vitré, président de la CA de Vitré, Gilbert MEYER, maire de Colmar, président de la CA de Colmar, Claude STURNI député-maire d'Haguenau, François WERNER, maire de Villers-les-Nancy, ainsi que Christian PIERRET, ancien ministre, président d’honneur de Villes de France, Jean AUROUX, ancien ministre, président fondateur de Villes de France.

n°70

20 Jan 2016

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