La transition écologique fut au cœur des campagnes municipales et va faire l’objet de nouveaux projets dans les villes de taille moyenne et leurs intercommunalités. Le plan de relance crédite 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont de nombreux crédits pour les territoires comme les 1,3 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics des collectivités. Les futurs contrats de relance et de transition écologique (CRTE) porteront l’appui de l’Etat aux projets de territoire. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de transition écologique portés par les maires de villes moyennes et les présidents d’intercommunalités.
Trois questions à Monsieur Jérôme Baloge, maire de Niort, président de l’agglomération de Niort, président du groupe de travail Transition écologique de Villes de France :
Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition écologique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ?
Le premier enjeu est communal, les villes ont au fil des ans vu leurs patrimoines s’étoffer. Par manque de budget, ceux-ci ont été peu entretenus. Bon nombre de communes se retrouvent aujourd’hui avec des bâtiments énergivores parfois difficiles à remettre aux normes et difficiles à reconstruire si on prend l’exemple des gymnases ou des écoles utilisés près de 10 mois par an.
Le second enjeu est mixte communal/intercommunal et urbanistique. Les villes moyennes ont vu leur physionomie changer depuis les années 1970 avec une bitumisation excessive des espaces. Il s’agit aujourd’hui de réintégrer la végétation dans la ville tout en répondant à des enjeux de densification afin d’éviter des consommations démesurées d’espaces naturels et agricoles. Ce double enjeu est au cœur de l’évolution de nos villes et de nos intercommunalités qui doivent aussi s’adapter à de nouveaux usages de mobilité.
Le troisième enjeu intercommunal est bien évidemment la mobilité. A Niort et dans toute son agglomération, j’ai fait le choix de la gratuité des transports. Nous avons donc développé en parallèle un système de location de vélos électriques longue durée puis en libre-service. La prochaine étape étant maintenant l’adaptation de nos infrastructures afin de garantir à ceux qui font le choix d’abandonner leurs voitures de pouvoir circuler en toute sécurité.
Pouvez-vous présenter une initiative de votre collectivité que vous souhaiteriez partager ?
Dès 2014, j’ai souhaité la création d’un parc naturel urbain. La première étape a été en 2015, le lancement de la reconversion d’un site industriel pollué de 25 000 m2 en cœur de ville. Ce nouvel espace crée indéniablement des liens entre la ville, son territoire (le Marais) et son fleuve (porte d’entrée de l’Atlantique). Il atténue les ruptures écologiques et favorise l’installation d’une flore et d’une faune sauvage. Enfin, il permet aussi le développement du végétal en ville et la lutte contre les îlots de chaleur.
La lutte contre les îlots de chaleur est une préoccupation constante à Niort. Ainsi, dans un autre quartier de la ville, les jardins de la Brèche, ont été conçus eux pour résister aux dérives climatiques, les 793 arbres et arbustes plantés permettent d’intercepter 100 000 litres d’eau par an, de piéger plus d’une 1,5 tonne de CO² et de supprimer un îlot de chaleur majeur en cœur de ville qui affiche désormais en période de canicule jusqu’à 6,5° de moins. La suppression des voies et la création du pôle transports ont considérablement réduit la circulation autour de la place et la pollution qui va avec, nuisances sonores et émissions de particules. Les habitants se réapproprient la place transformée en espace de détente pour tous.
En 2019, poursuivant sa démarche d’adaptation aux changements climatiques, la ville de Niort a lancé une cartographie des îlots de fraîcheur accessible à tous qui permet aux personnes fragiles de mieux appréhender les épisodes caniculaires.
En tant qu’élu local, quelles sont vos attentes vis-à-vis des institutions pour faciliter la transition écologique dans les territoires ?
Les institutions ont lancé ces dernières années de nombreux dispositifs et appels à projets pour faciliter la transition écologique dans les territoires en finançant des études, des investissements, des postes … La difficulté aujourd’hui est plutôt de comprendre comment les différents programmes gouvernementaux sont articulés. Je pense notamment aux Maires de communes de quelques centaines ou milliers d’habitants qui n’ont pas une administration assez nombreuse. Bien que les agglomérations, comme nous le faisons dans le niortais accompagnent les Maires, ils sont souvent empêchés par un manque d’ingénierie et d’accès à l’information.
Si j’avais deux attentes… La première serait de permettre aux dispositifs d’être plus pérennes : les appels à projets sont parfois très courts pour que les collectivités y répondent et les co-financements de postes de trop courte durée.
La seconde, pourrait être un guichet unique permettant aux élus de n’avoir qu’une seule porte d’entrée. Le CRTE annoncé récemment permettra j’espère plus de lisibilité et de facilité. A titre d’exemple, les collectivités devront être aidées dans leur reconquête des friches.
Les élus locaux pour se lancer dans la transition écologique ont besoin de se tourner vers l’avenir avec sérénité.