ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°333 -

Trois questions à Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF



La transition écologique fait l’objet de nombreux projets dans les villes de taille moyenne et leurs intercommunalités, qui entendent en faire un axe de la relance territoriale. Alors que le plan de relance crédite 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont de nombreux crédits pour les collectivités locales, les contrats de relance et de transition écologique (CRTE) visent à structurer les projets de territoires. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de la transition écologique pour les villes moyennes et leurs intercommunalités avec une interview de Madame Laurence Poirier-Dietz, directrice générale de GRDF.

Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition énergétique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ? En quoi le partenariat entre Villes de France et GRDF permet-t-il d’y répondre ?
Près de la moitié de la population française vit dans les villes de taille moyenne et leurs agglomérations, qui se situent au confluent du milieu urbain et du milieu rural. Je suis convaincue que ces villes ont un rôle clé à jouer dans la construction d’une économie circulaire - produire local et consommer local - dans notre pays. Pour une transition écologique juste et soutenable, notre enjeu commun est de créer de la valeur au cœur de chaque territoire, en tenant compte de leurs spécificités.
Beaucoup d’initiatives et d’actions sont déjà menées dans les villes moyennes en matière de réduction et traitement des déchets, de solutions de mobilité ou encore d’efficacité énergétique. Il apparaît intéressant de créer un écosystème des acteurs territoriaux dont les initiatives sont multiples. Une coopération de l’ensemble des acteurs permet d’assurer une transformation profonde des modes de production et de consommation à l’échelle du territoire.
GRDF y contribue. En tant que distributeur de gaz sur la quasi-totalité du territoire français, nous jouons un rôle de catalyseur des initiatives locales sur des sujets qui répondent à nos enjeux communs, et ils sont nombreux. Ces sujets se trouvent au carrefour de considérations économiques, écologiques, et d’attractivité du territoire : injection de gaz vert dans le réseau de distribution de gaz, valorisation des biodéchets, efficacité énergétique et rénovation des bâtiments, mobilité durable… C’est ce que nous proposons dans le cadre du partenariat avec Villes de France, à travers des réflexions communes sur ces sujets, des conférences thématiques mais aussi des échanges réguliers sur des textes législatifs ou des dispositions réglementaires. C’est également dans ce cadre que nous contribuons à des guides pratiques traitant de la mobilité BioGNV ou prochainement de la méthanisation des biodéchets.

Comment la méthanisation s’inscrit-t-elle dans la relance économique ?
Avec la méthanisation, les déchets de chacun deviennent énergie de chauffage, carburant et fertilisant naturel pour tous. C’est une illustration très concrète de la construction d’une économie locale, au cœur des territoires et adaptée à la spécificité de chaque territoire.
Actuellement, 80 % des sites de production de biométhane sont exploités par des agriculteurs. Cette activité de diversification permet de compléter les revenus issus des exploitations agricoles et de pérenniser leurs modèles. Elle favorise la transition vers l’agroécologie et la baisse des émissions de gaz à effet de serre de ce secteur, notamment grâce au digestat, un engrais naturel issu de la méthanisation, qui permet de réduire le recours à des engrais chimiques et de repenser les pratiques de fertilisation.
D’un côté, les territoires ruraux profitent des bénéfices induits par le biométhane avec la préservation de l’activité agricole en contribuant à la transition agroécologique, de l’autre les territoires urbains bénéficient d’une source locale d’énergie bas-carbone en traitant leurs déchets. On crée de l’économie circulaire.
L’obligation du tri à la source des biodéchets des ménages dès 2024 va amplifier l’attractivité de cette solution. La méthanisation est une réponse très concrète aux exigences de traitement des déchets du territoire et aux enjeux de décarbonation.
L’activité de chaque méthaniseur permet de créer 1 à 3 emplois directs. Aujourd’hui déjà la filière de méthanisation française représente 500 entreprises et près de 7 300 emplois directs et indirects. À l’horizon 2050, ce seront 60 000 emplois non délocalisables et centrés sur de nouvelles compétences qui seront pérennisés.

Comment GRDF accompagne-t-il les collectivités dans leurs stratégies énergétiques ?
90% des villes moyennes sont desservies par le réseau de distribution de gaz exploité par GRDF pour le compte des collectivités concédantes. Ce réseau est un formidable actif à la disposition des acteurs des territoires pour collecter et distribuer une énergie non-intermittente et totalement renouvelable d’ici 2050.
Du fait de son implantation territoriale, GRDF est en mesure de comprendre les réalités locales et les enjeux spécifiques de chaque collectivité. Ainsi nos équipes contribuent aux exercices de planification énergétique territoriaux avec des propositions pragmatiques permettant d’atteindre les objectifs d’efficacité, de sobriété et de

 

décarbonation, tout en prenant en compte l’impératif d’un mix énergétique viable et durable sur le territoire.
Au quotidien, les équipes locales de GRDF œuvrent au cœur des territoires et accompagnent les acteurs locaux, au premier rang desquelles les collectivités, à chaque étape de leurs projets dans de nombreux domaines : raccordement d’installations de production de gaz vert au réseau de distribution, infrastructures et conversion de flottes au BioGNV/GNV pour les transports publics ou de marchandises, nouvelles zones d’aménagement ou zones de revitalisation, opérations de rénovation de bâtiments publics, conversion au gaz des chaudières fioul, etc.
Le gaz est une énergie disponible qui apporte des solutions efficaces pour le chauffage et la mobilité, d’autant qu’il existe un potentiel très significatif de production de gaz verts, dont l’hydrogène, pour contribuer à la neutralité carbone. Avec le développement gaz verts, qui est une réalité très tangible dans les territoires, nous préparons l’avenir dès aujourd’hui !

n°333

17 Fév 2022

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