ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°102 -

24 propositions pour « Faire réussir la jeunesse »


S'inscrivant dans le débat de la présidentielle, la Conférence des grands écoles (CGE) a présenté, ce 29 septembre 2016, 24 propositions " pour un enseignement supérieur agile, attractif, soutenable et ouvert " pour " faire réussir la jeunesse ", ce qui constitue une priorité stratégique pour l'avenir du pays.
Des constats alarmants
Environ 150 000 jeunes quittent le système scolaire chaque année sans diplôme. Entre 20 et 30 % des élèves d'une classe d'âge arrivent en fin de scolarité obligatoire avec des savoirs insuffisants, ce qui compromet aussi bien leurs chances de vivre de façon autonome, que d'acquérir des compétences professionnelles. Le déficit criant de connaissance du monde de l'enseignement supérieur par les lycéens et leurs parents pousse plus d'un jeune sur deux à ne pas envisager d'études longues à l'issue du Bac ; la fillière professionnalisante et rémunérée de l'apprentissage est également largement méconnue ou injustement déconsidérée.
Dans le même temps, près de deux tiers des français estiment que l'insertion professionnelle doit être la première priorité des études supérieures.
Cinq leviers pour moderniser l'ESR :
  1- Améliorer la réussite en premier cycle des études supérieures en mettant en place une vétitable politique d'information et d'orientation afin d'accompagner, dès la troisième, les élèves vers le monde du travail ou les études supérieures en fonction de leurs attentes. Pour cela, la CGE souhaite intégrer à la formation des enseignants du secondaire la connaissance des formations de l'enseignement supérieur et des formations professionalisantes, notamment via l'outil numérique, et associer les entreprises pour une meilleure information sur les métiers. Le but est de diviser par deux le taux d'échec en premier cycle du supérieur à l'horizon 2025 et faire de la France, la référence mondiale en matière de formation supérieure et d'apprentissage. La CGE préconise de développer des formations professionnalisantes courtes (Bac + 3) conférant le grade de Licence, répondant aux besoins des entreprises, et ayant massivement vocation à déboucher sur une insertion immédiate dans la vie active, et se fixe l'objectif de 400 000 diplômés annuellement en 2025. Selon la StraNES, ces filières professionnelles du secondaire devront attirer 40% des jeunes d'une classe d'âge ; il est donc essentiel de revaloriser leur image.
  2- Faire de l'ouverture sociale de l'enseignement supérieur une cause nationale.
La CGE appelle à un programme national d'égalité des chances qui permette d'accompagner dès la troisième, les jeunes des milieux modestes et zones rurales aux études supérieures et de réussir leur insertion professionnelle. Elle propose d'assurer le financement de programmes expérimentaux de changement d'échelle notamment à travers le troisième volet du Programme d'Investissement d'Avenir (PIA3), et le financement dans la durée de programmes massifs d'inclusion sociale par réacheminement d'une partie de la taxe d'aprentissage. Elle propose également de mettre en place un fonds dédié à l'inclusion sociale et de créer un observatoire national de l'ouverture de l'enseignement supérieur. Elle appelle à poursuivre la dynamique engagée sur l'augmentation du montant et du nombre de bénéficiaires des bourses pour accompagner les jeunes dans leurs études et encourager particulièrement ceux issus de milieux modestes et des classes moyennes à une plus grande mobilité géographique et internationale. La CGE souhaite en outre généraliser la responsabilité citoyenne dans les enseignements et former par l'action en instituant par exemple l'obligation pour chaque étudiant français en formation longue (Bac +5) de s'investir au cours de sa formation dans des actions d'engagement citoyen.
 3- Faire de l'enseignement supérieur le ferment des dynamiques d'innovation dans les territoires et un facteur d'attractivité internationale pour le pays.
Très présents dans les territoires, les établissements et leurs étudiants, associés au acteurs socio-économiques et

 

aux collectivités territoriales sont porteurs d'innovation et de développement. Les territoires qui accueillent des établissements d'enseignement supérieur bénéficiant d'impacts en termes économique et social extrêmement positifs. Pourtant, nombre de territoires ignorent ou sous-estiment le poids de l'enseignement supérieur alors même que les liens entre le monde économique, la formation, la recherche et les territoires sont le fondement de leur compétitivité et de leur développement. C'est pourquoi la CGE recommande un véritable changement de culture de l'enseignement supérieur en développant une alliance forte avec les entreprises. Il apparaît ainsi essentiel de favoriser l'entrepreneuriat étudiant pour soutenir la dynamique de l'innovation et de l'entrepreneuriat dans les territoires, tout en valorisant la formation par la recherche et les parcours de chercheurs tant en laboratoires qu'en entreprises et en favorisant l'utilisation du captital-risque.
Alors même qu'en 2015, deux étudiants français sur trois terminent encore leurs études sans expérience à l'étranger, la CGE préconise de doubler le nombre d'étudiants internationaux accueillis en France à l'horizon 2025 et de généraliser l'expérience internationale des étudiants français en Master.
 4- Doter tous les établissements d'ESR d'une gouvernance et d'une organisation agiles. La CGE préconise de donner la capacité et la liberté nécessaire pour mettre en oeuvre des stratégies de développement nationales et internationales ambitieuses, et décider des rapprochements et coopérations renforcés les plus pertinents compte-tenu de leurs spécificités et des besoins de leurs territoires. Elle propose de renforcer davantage l'autonomie des établissements et de simplifier la gouvernance des regroupements de site et des ComUE en associant tous les acteurs dont les collectivités locales concernées.
Elle déplore que la taille et la gouvernance dont ont été dotées les ComUE les privent de l'agilité nécessaire à l'impulsion de véritables dynamiques de site, de politiques communes et de visibilité internationale qui étaient pourtant une raison essentielle de leur mise en place. Enfin, l'évolution de la société et du monde économique ainsi que la mondialisation requièrent le renforcement des liens entre formation, recherche et entreprises et la nécessaire révolution numérique dans les pratiques pédagogiques.
 5- Developper un nouveau modèle de financement de l'enseignement supérieur. La CGE appelle à mettre en place une loi de programmation de l'ESR et d'investir 20 milliards d'euros supplémentaires dans l'ESR d'ici les dix prochaines années. Selon elle, il est nécessaire de revoir le modèle d'allocation des ressources aux établissements publics d'enseignement supérieur, de prendre en compte le coût complet de l'apprentissage et de moduler les droits de scolarité en fonction des revenus pour un système plus équitable et plus redistributif. Se référant à une étude de France stratégie, la CGE rappelle que la hausse des effectifs étudiants anticipée (+ 800 000 étudiants en 2027 par rapport à 2014) couplée à l'objectif national de parvenir à 60 % d'une classe d'âge diplômés du supérieur (contre 42 % aujourd'hui) induirait, sans hausse corrélative des ressources des établissements, une forte baisse de la dépense par étudiants. Elle propose également de mettre en place des frais d'inscription differenciés pour les étudiants étrangers extra-communautaires.
En savoir plus.

n°102

05 Oct 2016

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