ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°656 -

Lancement des nouvelles écoles de formation des enseignants


C'était une promesse du candidat Hollande : la réforme de la formation des enseignants. Accessoirement, la quatrième réforme de la formation des professeurs en cinq ans… Alors que le projet de loi sur la refondation de l'école a été définitivement adopté par le Parlement, les ministres de l'Éducation et de l'Enseignement supérieur ont dévoilé lundi 1er juillet, lors d'un déplacement à Lyon, les nouvelles écoles pour professeurs, baptisées Espé (écoles supérieures du professorat et de l'éducation) qui seront co-accréditées par les deux ministères.
Exit les IUFM
L'objectif est d'axer le cursus des professeurs sur la pratique. Les IUFM (instituts universitaires de formation des maîtres) sont donc au cœur de la réforme, les Espé ayant vocation à les remplacer. « Les Espé s’inscrivent en rupture avec les IUFM et tout ce qui a été fait précédemment » a affirmé Vincent Peillon qui confie aux Espé la mission de rétablir une « véritable formation professionnelle pour les enseignants ».
En 2009, la réforme dite de la « masterisation » de Xavier Darcos avait élevé le niveau de recrutement des enseignants (à bac + 5) tout en supprimant l'année d'alternance, suscitant alors de vives critiques.
Autre changement majeur souligné par le ministre de l’Éducation, la formation sera assurée par des professeurs toujours en poste : « Il y a dans les IUFM des professeurs qui n'ont pas enseigné depuis 15 ans » a-t-il insisté. Et force est de constater que les réformes successives de la formation des enseignants, et notamment la « masterisation », ont conduit à écarter les formateurs en temps partagé au profit des universitaires et des professeurs IUFM à temps plein.
Théorie et pratique
Il y aura une Espé par académie, soit une trentaine au total. Dès la rentrée de septembre, ces écoles accueilleront environ 40.000 étudiants, futurs enseignants de la maternelle à l'université ainsi que les conseillers principaux d'éducation (CPE).
Les futurs enseignants seront formés simultanément aux connaissances académiques et professionnelles. Ils entreront progressivement dans le métier avec des stages. La durée du cursus est de deux ans.
Les étudiants des « masters métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation » (MEEF) *, passeront le concours en fin de première année (M1). En deuxième année, les admis feront un stage à mi-temps dans une classe. Ils suivront en même temps des cours et prépareront un mémoire. Depuis la réforme de la « mastérisation », la formation des enseignants comportait deux années de master et une année de stage sous statut de fonctionnaire stagiaire.
Une année de rodage
Cette réforme soulève déjà des résistances dans le monde de l'éducation où certains regrettent que les Espé soient intégrées, comme les IUFM, aux universités, les privant ainsi d’une autonomie pédagogique. Ces craintes alimentées par les difficultés à faire travailler ensemble universités, futurs ex-IUFM et rectorats. Sans compter les incertitudes sur le financement des Espé qui dépendra des contributions de chaque université organisatrice des masters destinés à former des enseignants. Alors que certaines universités se sont récemment déclarées au bord de la faillite, on peut se demander si la formation des enseignants sera leur priorité.
D’autres voix s’élèvent encore pour dénoncer le risque d’un « affaissement du niveau de connaissances des enseignants » du fait que les étudiants devront à la fois préparer et réussir le concours, placé désormais au niveau du M1 (bac + 4), se former au métier et obtenir un master en deux ans, contre trois actuellement.
Inquiétudes que Vincent Peillon a tenté d’apaiser en insistant sur le fait que l'année à venir serait transitoire, qu'il y aurait des imperfections à la rentrée et que des ajustements interviendraient.
Le défi du recrutement
La gestion complexe de différentes populations d'étudiants, en cette phase de transition, va se combiner au défi du recrutement. Le ministre de l'Éducation nationale, qui a ouvert cette année quelque 43.000 places au concours, via deux sessions (22.100 postes pour le concours classique actuel, ouvert aux bac + 5 et 21.530 pour le concours dit « exceptionnel », ouvert aux bac + 4), risque de se frotter à la crise du recrutement. Une crise marquée dans le premier degré par des académies déficitaires et dans le second degré par des disciplines, telles que les mathématiques, affichant un nombre impressionnant de places non pourvues au Capes.
Les candidats reçus au premier concours, dernière génération de la « masterisation » feront, comme leurs prédécesseurs, leur rentrée face à des classes en tant que fonctionnaires stagiaires. Les admissibles au concours dit « exceptionnel » seront, pour leur part, à tiers temps en formation.
Seuls les étudiants inscrits en septembre 2013 en première année des nouveaux masters « MEEF » entreront dans le nouveau schéma de formation des enseignants, version Peillon. Ils passeront le concours à l'issue de leur première année et devront, en deuxième année, valider leur master tout en effectuant un service d'enseignement à mi-temps, rémunéré 1.700 euros brut. En rythme de croisière, 50 à 60.000 sont attendus dans les Espé, sur les deux années.

* 495 MEEF pour le second degré, déclinés par disciplines, et 35 pour le premier degré, par académies, avec quelques programmes spécifiques autour du handicap et du bilinguisme par exemple

 

n°656

03 Juil 2013

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