Par Yannick Imbert, Directeur des affaires territoriales et publiques du Groupe La Poste
Comment et dans quel contexte social votre groupe arrive-t-il à poursuivre sa transformation et à faire évoluer le métier de postier ?
La Poste fonde sa transformation sur ses valeurs, la confiance et la proximité, ainsi que ses savoir-faire et place le facteur humain au cœur de sa stratégie. Notre transformation connaît cette année une étape majeure avec le rapprochement entre La Poste et la Caisse des dépôts, qui devient notre actionnaire majoritaire. Par ailleurs, le dialogue avec les postiers est permanent, donnant lieu à des accords sociaux souvent unanimes. Autre illustration : les 250 000 postiers du Groupe seront associés au printemps à la démarche de construction de notre plan stratégique à horizon 2030. Pour maintenir sa présence de proximité, La Poste diversifie ses formats et les métiers évoluent vers de nouveaux services aux populations. Dans un contexte où le courrier traditionnel ne représentera probablement plus que 20% de notre CA en 2020, les postiers comprennent que cette évolution est nécessaire pour notre entreprise. Dès lors que notre diversification porte en elle du sens, celui de l’intérêt général et des services au public, les postiers sont prêts à s’y engager. Ce sont eux, les acteurs de la transformation.
Quelle est votre perception des priorités territoriales pour le prochain mandat, en matière de services aux habitants ?
Mobilité, habitat, commerce et services de proximité, santé et éducation, cadre de vie de qualité et environnement mieux respecté, cœur de ville revitalisé, accompagnement à la transition numérique… Ces sujets sont prioritaires pour tous les Français. Globalement, l’enjeu écologique et la transition numérique occupent largement les débats. La Poste y prend sa part, en étant par exemple neutre en carbone depuis 2012 et en affichant sa volonté de faire encore mieux. Elle souhaite aussi mettre ses actifs à la disposition des politiques publiques. En 2020, nous lancerons dans 13 villes moyennes, un concept de résidences services seniors en centre-ville sur notre patrimoine immobilier avec l’objectif de créer des lieux mixant les publics et les usages.
En matière de médiation numérique, je peux citer notre partenariat avec l’AFPA, grâce auquel nous proposerons la certification au CLEA numérique dans 40 sites postaux en France. La Poste contribue également à l’impulsion en matière de logistique urbaine. Notre ambition : décarboner la livraison dans les centres villes grâce à notre flotte de véhicules propres. La condition : que les collectivités nous aident à bâtir une règlementation incitative.
Enfin pour soutenir le commerce local, La Poste dispose de solutions actuellement déployées en villes moyennes, notamment dans le cadre du programme « Action Cœur de Ville » et bientôt dans celui des « Petites villes de demain ». Sa plateforme « Ma Ville Mon Shopping », véritable place de marché locale, est ainsi active dans une cinquantaine de villes (20 de plus sont prévues en 2020). De plus, notre filiale de livraison à domicile par coursier, STUART, s’implante progressivement dans 150 villes. Déployé à Dunkerque, en partenariat avec les missions locales, cette implantation a été créatrice d’emplois pour les jeunes. Nous souhaitons développer partout cet état d’esprit.
Quel va être le rôle de La Poste dans la revitalisation des centres-villes, vis-à-vis des QPV, des maisons France Services… Quelle est finalement « l’orchestration de la présence postale » ?
La Poste, je l’ai dit précédemment, accompagne l’action publique en proposant des solutions alliant le physique et le numérique, mais aussi à travers ses solutions de financement proposées par La Banque Postale, 1er prêteur bancaire des collectivités. (Voir le Baromètre des Centres Villes de La Banque Postale).
En matière de présence postale, nous voulons poursuivre, en partenariat avec les acteurs locaux, le mouvement engagé vers plus de mutualisation. C’est assurément le meilleur moyen de faire converger les réseaux et de créer des espaces de services fréquentés et économiquement soutenables pour les opérateurs. La France compte actuellement 1 340 Maisons de services au public, dont 500 portées par le Réseau La Poste. Parmi elles, dans un 1er temps, 43 sont labellisées France Services au 1er janvier et d’autres vont suivre. Nous allons d’ailleurs travailler prioritairement avec l’Etat sur leur intégration en QPV (dont 1/3 sont en villes moyennes) où notre présence est forte et où l’Etat constate un déficit. 47 secteurs prioritaires sont ciblés en ce sens. La formation des agents, l’aménagement des locaux, la présence des opérateurs seront renforcés. Des partenariats locaux y seront intégrés.
Au-delà de sa présence, La Poste simplifie aussi la vie des collectivités avec des solutions d’aide à la décision et d’accompagnement des publics fragiles : Geoptis par exemple qui détecte, à partir de caméras ou capteurs intégrés aux véhicules des facteurs, les défauts de voirie, mesure la qualité de l’air ou le bruit ou évalue la couverture mobile du territoire. Notre réseau de facteurs est mobilisé au service des grands enjeux sociétaux : livraison de repas, détection de foyers éligibles à la rénovation énergétique de leur logement…. Grâce à leur proximité, 6 jours sur 7, ils deviennent des relais déterminants.
Quel message adressez-vous aux élus des villes représentées par notre association ?
La contribution territoriale de La Poste ne se limite plus à sa seule présence physique mais déploie tous les canaux de contact avec les habitants. Nous avons la conviction que notre transformation passe par le partenariat avec les territoires, afin de les accompagner dans leur action. La Poste a un poids territorial majeur : elle est un employeur local, un acheteur local et une entreprise responsable. Sa raison d'être est d’être utile, de contribuer à la mise en œuvre de services au public adaptés aux besoins des citoyens. La Poste ne veut plus seulement être dans les territoires, elle veut agir à leurs côtés.