Une délégation de maires de Villes de France* conduite par Caroline Cayeux, sa présidente, a rencontré ce mardi 27 février Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, pour lui exprimer ses plus vives inquiétudes concernant le rapport de M. Jean-Cyril Spinetta, consacré à l'Avenir du transport ferroviaire.
Outre les réformes structurelles et sociales de la SNCF - confirmées hier par le Premier Ministre et qui seront menées par ordonnances d’ici cet été - le rapport Spinetta propose une réorganisation des dessertes ferroviaires en fonction des coûts de remise à niveau de l’infrastructure. Après réalisation d’un « audit sur les petites lignes », 9 000 kms de tronçons les plus dégradés seraient abandonnés ou transférés aux régions, sans compensation, ce qui revient à leur transférer la responsabilité des fermetures. Sur un plan opérationnel, les orientations de ce rapport conduisent à une réduction aussi brutale qu’inacceptable des dessertes ferroviaires (des TGV aux TER), pour des bassins de vie allant de 100 000 à 250 000 habitants.
Prenant acte de la volonté de dialogue de la ministre chargée des Transports, de sa vision d’un transport ferroviaire équilibré qui incite aux arrêts dans les villes moyennes, les maires ont souligné que la vision de M. Spinetta restait lourde de conséquences (économiques, sociales, environnementales…) en matière de grande vitesse, avec un déclassement inévitable des villes concernées et de leurs territoires ruraux environnants, et une élévation rapide du sentiment de relégation des populations. Ils attendent que le Gouvernement se démarque clairement de cette logique.
Au nom de la cohésion des territoires, les maires de Villes de France ont unanimement regretté la série de messages contradictoires qui leur sont envoyés, à l’heure où le Gouvernement cherche justement à revitaliser les centre-villes à travers un plan d’action dédié (cf. Plan « Action cœur de villes »). Les politiques de desserte ferroviaire doivent tenir compte des co-financements locaux engagés, de l’importance démographique des bassins de vie traversés, et de leur enclavement.
Les maires des Villes de France ont surtout tenu à défendre une autre vision de la mobilité, qui ne se résume pas exclusivement aux métropoles et au Transilien. Ainsi, ils appellent de leurs vœux l’adoption rapide d’un schéma de service de transport des voyageurs, adapté à la réalité du réseau de lignes nationales secondaires. Dans le cadre de l’ouverture à la concurrence, Villes de France souhaite également que soient mieux précisées les obligations de service public qui seront imposées aux opérateurs pour les dessertes déficitaires.
* : La délégation était conduite par Caroline Cayeux, maire de Beauvais, présidente de Villes de France, Jean-François Debat, maire de Bourg-en-Bresse, président délégué de Villes de France, conseiller régional Auvergne-Rhône-Alpes, Pierre Méhaignerie, ancien ministre, maire de Vitré, Frédéric Chéreau, maire de Douai et Frédéric Leturque, maire d’Arras, conseiller régional des Hauts-de-France