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Environnement

Grenelle de l’environnement - Débat autour des résultats sur le long terme


Les « Cahiers de la Direction générale du Trésor » ont publié, le 9 décembre 2010, une étude de 120 pages sur les « Impacts macroéconomiques du Grenelle de l’Environnement », réalisée par un groupe de six experts, tous membres de ladite Direction. Cette étude relativise les effets bénéfiques du Grenelle sur la croissance et l'emploi en France, qui n'auraient qu'une « portée à court terme ». 

Impact contesté

Les auteurs se sont interrogés sur l'impact macroéconomique des investissements dans les transports, le bâtiment et les énergies renouvelables et sur leurs répercussions sur l'ensemble de l'économie, ainsi que sur les finances publiques. L’étude cherche à montrer que les mesures du Grenelle de l’environnement ont un impact favorable sur le PIB et l’emploi à court terme du fait des multiplicateurs des investissements déclenchés. A moyen et long termes, le ralentissement puis l’arrêt des investissements, la hausse des prix, et celle des prélèvements obligatoires nécessaires au financement des investissements, annulent les gains économiques du Grenelle après 2020. Par la suite, l’impact relatif sur le PIB et l’emploi devient finalement négatif. 

Etudes divergentes

Pourtant, il y a six mois, une étude du Boston Consulting Group, commandée alors par le ministère de l’Environnement, avait conclu que les programmes du Grenelle permettraient la création de plus de 600 000 emplois en moyenne sur la période 2009-2020, principalement dans les secteurs du bâtiment, des infrastructures et des énergies renouvelables. Une amélioration significative de la balance commerciale avait aussi été envisagée, soit 25% de réduction de la consommation d’énergie thermique (pétrole, gaz ...) à l’horizon 2020, dont 19% uniquement lié à l’impact Grenelle. De plus, l’étude du BCG estimait que les quinze grands programmes du Grenelle participeraient à la relance de l’économie de manière substantielle, en générant une activité sur douze ans d’environ 450 Md€, financés à hauteur d’environ 170 Md€ par l’Etat et les collectivités territoriales.

Surcroît d’investissements

A l’inverse, et selon les économistes du Trésor, le Grenelle - dans l'hypothèse où le Grenelle serait intégralement mis en œuvre - générerait un surcroît d'investissements considérable : ceux-ci sont estimés à environ 450 milliards d'euros, réalisés principalement durant la décennie en cours. Ceux-ci seraient effectués « dans des proportions comparables par les ménages, les entreprises et les administrations publiques ». Pour financer ces investissements, l'étude fait l'hypothèse optimiste que les ménages ne réduiraient ni leur consommation, ni leurs investissement hors logement, tandis que les investissements des entreprises ne se substitueraient pas à d'autres.

Réponse du ministère de l’Ecologie

Le lendemain de la publication du rapport, la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, a estimé que l'étude menée par les six économistes du Trésor offre « un regard très insuffisant et très tronqué sur ce qu'est le Grenelle (…). Le Grenelle n'est pas seulement un programme d'investissement mais aussi de transformation de l'économie et de la société », car, a-t-elle ajouté, « en investissant sur les sujets porteurs d'avenir, les technologies propres, les énergies renouvelables, les transports durables, le logement moins consommateur d'énergie, on se positionne sur les technologies qui feront les marchés mondiaux à horizon 2020 ».
 
Etude de la Direction du Trésor :
Etude du Boston Consulting Group pour le ministère de l’Environnement :

n°536

14 Déc 2010




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