ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°290 -

Focus sur… la transition écologique dans les Villes de France : Trois questions à Frédéric Chéreau



La transition écologique fut au cœur des campagnes municipales et va faire l’objet de nouveaux projets dans les villes de taille moyenne et leurs intercommunalités. Le plan de relance crédite 30 milliards d’euros pour la transition écologique dont de nombreux crédits pour les territoires comme les 1,3 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des bâtiments publics des collectivités. Les futurs contrats de relance et de transition écologique (CRTE) porteront l’appui de l’État aux projets de territoire. Ondes urbaines, newsletter de l’association Villes de France, revient sur les enjeux de transition écologique portés par les maires de villes moyennes et les présidents d’intercommunalités.

Trois questions à Monsieur Frédéric Chéreau, maire de Douai

Quels sont selon vous les enjeux majeurs de la transition écologique dans les villes moyennes et leurs intercommunalités ?

 


La principale question à traiter est celle de la complexité. Complexité de l’objectif dans un premier lieu, qui interroge l’ensemble des politiques publiques locales : gestion des espaces verts, eau, déchets ou consommation d’énergie, bien sûr, mais aussi éducation, alimentation, logement, transport… voire sport ou gestion des cimetières !
Complexité aussi de devoir aborder des sujets nouveaux, qui ne sont pas forcément au cœur des métiers des collectivités, et sur lesquels l’ingénierie peut encore manquer, tels que la gestion de la qualité de l’air ou la production locale d’énergie.
Complexité encore des problématiques qui se croisent et s’entremêlent lorsqu’on aborde des projets de renouvellement urbain, sur lesquels il faut franchir des obstacles techniques, financiers, réglementaires, juridiques et de maîtrise immobilière ou foncière pour espérer aboutir.
Complexité enfin des niveaux d’intervention. Pour ne s’en tenir qu’au bloc local, le Scot, l’agglomération, l’autorité organisatrice de mobilité (parfois distincte) et la commune doivent articuler finement leurs interventions, au risque que les projets politiques, parfois, coïncident mal, ou au risque de diluer le pilotage. Et il faut encore ajouter à cela le cadre des schémas régionaux, des contractualisations avec l’Etat ou des programmes opérationnels du Feder !
On pourrait sans doute aussi parler de complexité politique, tant les citoyens, les élus parfois, peuvent être contradictoires sur le sujet !

Pouvez-vous présenter une initiative de votre collectivité que vous souhaitez partager ?
Le principal projet d’investissement de Douai pour ce moment est une cuisine centrale adossée à un jardin maraîcher en insertion, produisant une partie des légumes consommés par la cuisine. Un projet de légumerie est à l’étude au niveau de l’agglomération, qui pourrait être porté par le lycée agricole de Douai, qui pourrait traiter autant les légumes de ce jardin que ceux des producteurs bio du territoire.
Ce projet s’intègre dans une politique plus générale de développement des jardins partagés sur la ville et de plantation de vergers en libre accès.

En tant qu’élu local, quelles sont vos attentes vis-à-vis des institutions pour faciliter la transition écologique dans les territoires ?
L’Etat doit assumer le rôle coercitif nécessaire, en tenant bon sur la consommation de foncier agricole. Il est parfois difficile, dans des agglomérations contraintes au consensus, de mettre tout le monde d’accord sur un sujet aussi sensible ! Or ce n’est qu’en restreignant drastiquement les solutions de facilité que nous forcerons les ressources privées à s’investir dans le recyclage urbain. Sinon, nous connaîtrons la double peine : extension urbaine d’une part, qui forcera la puissance publique à financer de coûteuses extensions de service (voirie, réseaux), désertification des cœurs de ville d’autre part, où seule la puissance publique souhaitera encore investir.
Mais l’Etat doit aussi accompagner les collectivités sur l’ingénierie, y compris et surtout l’ingénierie interne, qui est la ressource qui fait le plus cruellement défaut. Nos collectivités sont encore bâties pour gérer des « routines » : entretenir le patrimoine, assurer des services permanents. Elles manquent toujours de moyens propres pour piloter des projets complexes et exigeants. C’est particulièrement vrai pour les communes, qui restent pourtant maîtres d’ouvrages de projets cruciaux.

n°290

25 Fév 2021

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