Cette semaine, Ondes urbaines revient sur la stratégie de santé menée à Vitré via une interview d’Isabelle Le Callennec, maire de Vitré et présidente de Vitré Communauté, de Jean-Yves Besnard, maire-adjoint à la cohésion sociale, et précédemment à la santé, et d’Anne Bridel, maire-adjointe à la santé et à l’inclusion. Cette interview s’inscrit dans le cadre du partenariat entre Villes de France et le programme Vivons en forme (VIF®).
Quels sont les enjeux de santé notamment pour les plus jeunes auxquels vous êtes confrontés à Vitré ?
Isabelle le Callennec, maire de Vitré et Présidente de l’agglomération : « La santé est un axe prioritaire de notre projet municipal. C’est la raison pour laquelle j’ai tenu à ce qu’il y ait dans mon équipe une adjointe à la santé et à l’inclusion. Nous avons convenu d’actualiser notre contrat local de santé à l’échelle de l’agglomération et de créer les conditions de l’attractivité de notre territoire aux professionnels du sanitaire et du médico-social. S’agissant de la santé des jeunes et notamment de l’enfance, mon prédécesseur Pierre Méhaignerie a eu l’excellente idée d’adhérer dès 2004 au programme Epode « Ensemble, prévenons l’obésité des enfants ». Nous étions 10 villes pilotes à l’époque et nous sommes restés fidèles au programme qui s’appelle désormais VIF® « Vivons en forme ».
Ce dispositif propose un accompagnement des collectivités territoriales pour la mise en œuvre d’actions de santé publique. Cela nous a permis de renforcer nos plans d’action pour lutter contre le surpoids. Nous devons sensibiliser les enfants dès le plus jeune âge, et leur famille, à une alimentation saine et équilibrée. Nous nous engageons également pour combattre la sédentarité en développant des actions innovantes pour favoriser l’activité physique familiale.
Nous travaillons ainsi avec les enseignants, les écoles pour avoir une approche pédagogique et accessible à tous les enfants, notamment ceux dont les familles sont fragilisées. En effet, les populations les plus vulnérables sont davantage concernées par les répercussions liées à une méconnaissance des bons réflexes en matière de nutrition.
Nous avons constaté une baisse du surpoids et de l’obésité de 17 % dans les onze premières années. Rien n’est gagné ! Les actions de sensibilisation doivent être maintenues pour garantir un impact positif ».
Quelles sont les actions mises en œuvre en partenariat avec Vivons en Forme ?
Jean Yves Besnard, Maire-Adjoint à la cohésion sociale : « Tout d’abord, nous avons pu animer à Vitré, grâce aux outils proposés par VIF ®et au partage de pratiques de 250 villes adhérentes, des actions de sensibilisation directes de nos publics.
Dans les écoles, nous avons travaillé sur la promotion d’une alimentation variée et équilibrée. Un diététicien, chef de projet VIF® à Vitré, est intervenu dans toutes les écoles niveaux Grande Section, CE2 et CM2. Des actions sont également déployées afin de permettre l’expérimentation par les enfants d’une alimentation saine via des petits déjeuners et des goûters équilibrés.
Nous avons également mis en place, auprès des élèves des actions pour inciter à l’activité physique comme l’organisation d’une marche familiale chaque année, de jeux playdagogiques édités par VIF® dans le cadre des Temps d’Activités Périscolaires (TAP), d’activités physiques sur le temps du midi (les midis énergiques) ou encore la création d’un parcours d’orientation dans le cadre du Jardin du Parc « s’orienter c’est la santé »
Nous avons aussi souhaité sensibiliser le grand public avec l’organisation d’un cocktail diététique : stands dégustation avec la participation de la cuisine centrale et du lycée hôtelier. Lors des 15 ans du programme, un nouvel outil a été proposé : le Diagnoform. Il permet de tester sa forme à partir de 5 tests, qu’on soit un enfant ou un adulte.
Ensuite, pour renforcer ces actions de sensibilisation et pérenniser la promotion des bons réflexes en matière de nutrition un programme de formations a été dispensé par un formateur VIF®.
- Les agents de la cuisine centrale ont ainsi bénéficié de conseils pour adapter la gestion de la restauration scolaire.
- Les animateurs des temps périscolaires ont suivi une formation « Bien-être ».
- Les acteurs locaux travaillant avec les familles en difficulté ont participé à la formation « opticourses ».
Quels sont les résultats ? quelles sont les difficultés ?
Jean-Yves Besnard : « Nous avons constaté une baisse du surpoids et de l’obésité de 17 % dans les onze premières années.
L’évaluation la plus récente a été effectuée en mai 2019. Lors de l’évènement des 15 ans du programme, nous avons organisé le DIAGNOFORM pour peser et mesurer une tranche d’âge correspondant aux élèves de CE1 de Vitré. 287 enfants dont 120 filles et 167 garçons ont été concernés.
- Le taux de surpoids et d’obésité chez les garçons CE1 est de 14,37 %.
- Le taux de surpoids et d’obésité chez les filles CE1 est de 17,5 %.
- Concernant l’activité sportive, le taux de licenciés dans les associations sportives est de 85 % chez les garçons et 77 % chez les filles ».
Des améliorations, des orientations
Anne Bridel, Maire-Adjointe à la santé : « Notre stratégie de santé sur la ville de Vitré a pu bénéficier de l’ingénierie de VIF®. Il est essentiel d’y associer le développement de partenariats avec les acteurs de santé locaux. Nous avons récemment pu associer le Centre Hospitalier Simone Veil. La diététicienne de l’hôpital est médecin référent du programme. Cela complète la dynamique de partenariat déjà adoptée avec les médecins libéraux, les professionnels de santé. Il faut ainsi poursuivre l’animation du dispositif auprès de ces acteurs en leur présentant les différents outils notamment à leur disposition. Cela permet une plus forte adhésion et un relais facilité auprès de leurs publics.
Nous souhaitons organiser également des actions hors cadre scolaire avec les restaurateurs par exemple. Des événements à l’attention du grand public seront aussi l’occasion de sensibiliser davantage aux bonnes pratiques.
A Vitré, nous devons aussi tenir compte de l’évolution de la structure de notre population. 1 Vitréen sur 4 a plus de 60 ans. Ce sont ainsi de nouveaux enjeux liés au bien vieillir auxquels nous devons répondre. Le programme VIF® apporte également son expertise dans la construction d’actions pour le bien-être des séniors.
Enfin, il faut que ces messages et que cette volonté politique d’agir pour la santé de chacun soient portés par l’ensemble des Élus. Ils sont donc sensibilisés au déploiement du programme via des informations régulières sur les actions et leurs résultats, y compris au niveau de l’agglomération qui compte 82 000 habitants, répartis sur 46 communes urbaines et rurales ».
Que recommanderiez-vous à vos collègues comme politiques publiques ?
Isabelle Le Callennec : « J’encourage vivement les villes à s’engager dans ce programme de prévention santé. Il participe à lutter activement contre les inégalités territoriales et sociales de santé.
L’adhésion au programme Vivons En Forme permet de bénéficier : de dossiers thématiques (Sommeil et Bien-être, LES 2 000 premiers jours de vie, la gestion des écrans…), de formations gratuites sur site à destination de différents acteurs (« Opticourse » à destination des travailleurs sociaux, « Le bien-être de l’enfant » à destination des enseignants et des animateurs, « Playdagogie » à destination des animateurs de périscolaires, acteurs du service des sports), d’accompagnement à l’évaluations des actions mises en place, de l’ensemble des outils à destination d’acteurs locaux et de professionnels de santé, et enfin de la participation aux comités de pilotage avec, notamment le partage d’expériences des villes adhérentes. Tous ces documents répondent aux besoins répertoriés par les acteurs locaux et réalisés par un groupe d’experts qui est à l’écoute des acteurs de terrain.
Il faut bien sûr une volonté politique, à commencer par celle du maire. Pour que ce programme vive, cela nécessite un groupe de travail composé d’un chef de projet, d’élus référents, d’agents municipaux impliqués. Il a le mérite d’être régulièrement évalué et chacun sait que l’efficacité de l’action publique a besoin d’être mesurée pour être acceptée durablement. Avec VIF®, les résultats sont au rendez-vous ».
(Droit photo : Studio Maignan)