ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°464 -

Culture - La délicate numérisation des salles de cinéma


La France compte plus de 2 000 cinémas, et un total de 5 300 écrans actifs. Le cinéma est une activité culturelle plutôt urbaine : les agglomérations de plus de 100 000 habitants regroupent 45 % des français, mais concentrent 70% des entrées et 71 % des recettes. En revanche, une analyse plus fine permet de s’apercevoir que sont les villes moyennes qui sont les mieux placées : selon les derniers chiffres de 2007 donnés par le CNC, les plus forts taux de fréquentation sont à Evreux, Vannes et Beauvais. Les 4 villes comptant le plus grand nombre de fauteuils de cinéma par rapport au nombre d’habitants sont 4 villes moyennes (Niort, Montauban, Roanne et Colmar), et Arras est la ville qui dispose du plus grand nombre d’entrées par fauteuil.

Le nécessaire passage au numérique
Le 5 mai dernier a eu lieu l’Assemblée générale de l’Agence pour le développement régional du cinéma, à laquelle la FMVM était invitée. Le thème du jour était le passage au numérique, principal enjeu actuel pour les salles de cinéma.
La numérisation du cinéma est un phénomène lent et complexe qui concerne toutes les étapes de la chaîne de production (tournage, montage, distribution, projection). Le numérique appliqué au cinéma permet une meilleure qualité d’image et de son, de proposer au public des versions différentes (VO/VF) et de passer au-dessus du seuil de 24 images par seconde.

Ce progrès technique remarquable nécessite toutefois l’acquisition d’équipements coûteux pour le maillon le plus fragile : les exploitants. Afin de passer au numérique, ceux-ci doivent en effet engager un investissement assez lourd : modification de leurs cabines de projection, installation d’une climatisation indispensable pour le matériel numérique, achat de projecteurs numériques.
Le Centre national de la Cinématographie (CNC), estime les coûts d’équipement en numérique à 80 000 euros par écran, 10 000 euros par établissement et 4 000 euros de travaux en cabines. L’estimation totale au niveau national est de 360 millions d’euros, à la charge des exploitants.
Face à eux, les distributeurs et leurs mandants, les producteurs, sont les principaux bénéficiaires de cette numérisation (le remplacement des lourdes bobines de films par un schéma dématérialisé permet une baisse des coûts de distribution).
A terme, la disparition des projecteurs 35 mm et la distribution exclusive des films en format numérique condamneront toutes les salles de cinéma qui ne se seront pas équipées préalablement.

La « contribution numérique »
Les salles déjà les plus fragiles (mono écrans, 60 % des cinémas en France) sont aussi proportionnellement les plus pénalisées par le passage au numérique, l’équipement nécessitant un financement souvent difficile à engager. A l’évidence, des financements complémentaires sont nécessaires.

Pour aider les salles de cinéma à s’équiper en numérique, un nouveau type d’intervenant s’ajoute donc à la chaîne producteur-distributeur-exploitant : les « tiers investisseurs » qui proposent de se charger en partie de la fourniture du matériel et de récupérer leurs investissements auprès des distributeurs.

Par ailleurs le CNC rendra bientôt les détails de son plan (très attendu) destiné à faciliter le financement de la numérisation. Il prévoit une redistribution d’une partie des économies réalisées par les distributeurs et un apport des exploitants ; mais également une aide à l’équipement numérique ouverte aux exploitants de moins de 50 salles et la création d’un fonds spécifique de mutualisation pour collecter et réaffecter la contribution des distributeurs vers l’ensemble des salles adhérentes.
Enfin, les aides publiques, notamment de la municipalité, seraient une autre source de financement complémentaire.

n°464

13 Mai 2009

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