Face à la montée rapide des cybermenaces visant les administrations publiques, la Cour des comptes a publié le 16 juin 2025 un rapport consacré à « La réponse de l’État aux cybermenaces sur les systèmes d’information civils ».
La Cour rappelle que le nombre d’incidents cyber significatifs traités par l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) est passé de 59 en 2020 à 150 en 2023. Ces attaques, parfois très médiatisées, ont notamment affecté de nombreux hôpitaux, collectivités locales et opérateurs publics, illustrant une évolution rapide des modes d’action des cybercriminels mais aussi des vulnérabilités persistantes dans les systèmes d’information publics.
Le rapport salue les effets du plan France Relance qui a permis de financer des actions de renforcement de la cybersécurité dans plus de 1 200 collectivités territoriales entre 2021 et 2023. De même, la montée en puissance du portail cybermalveillance.gouv.fr, la mise en œuvre du dispositif national « cyber-résilience des territoires » porté par l’ANSSI, ainsi que la création des CSIRT (Computer Security Incident Response Teams) régionaux sont également présentés comme des évolutions positives.
Toutefois, plusieurs critiques sont pointées par la Cour des comptes qui constate une gouvernance encore trop éclatée, une doctrine parfois ambiguë et un manque de coordination entre les services de l’État, les collectivités, les opérateurs publics et les agences concernées. Elle évoque aussi l’absence de stratégie financière pluriannuelle, l’insuffisance des moyens humains spécialisés (RSSI, DSI) ainsi que le retard pris dans la montée en compétence des acteurs locaux.
Enfin, la Cour attire l’attention sur les échéances européennes à venir, notamment la transposition de la directive NIS 2 qui étendra les obligations de cybersécurité à de nombreuses entités publiques et privées dès 2025. Elle alerte sur le risque d’un décalage entre les exigences réglementaires croissantes et la capacité réelle d’un grand nombre de collectivités à y répondre sans accompagnement renforcé.