Dans son tout premier rapport budgétaire de l’année, la Cour des Comptes vient de publier une analyse consacrée à la situation d’ensemble des finances publiques, après deux années très dégradées. En effet, pour la deuxième année consécutive, le déficit public s’est aggravé en 2024 pour atteindre près de 175 milliards d’euros, soit 6,0 points de PIB après 5,5 points en 2023 et 4,7 points en 2022. La dette publique culmine désormais à près de 3 300 milliards d’euros et les charges d’intérêt à 59 milliards...
Il s’agit d’une dégradation exceptionnelle et inédite alors que la croissance économique est restée continûment positive pendant cette période. Si la faible progression des impôts expliquait en partie la contre-performance de 2023, c’est à l’inverse la dynamique des dépenses qui est en cause en 2024, « principalement du côté des collectivités locales et de la protection sociale ». La France, seule en Europe à voir ses finances publiques continuer de se dégrader, a obtenu de ses partenaires que le terme de sa trajectoire de retour du déficit sous les 3 points de PIB soit repoussé de 2027 à 2029 : après deux faux-départs, la Cour estime que l’année 2025 va être déterminante pour engager l’ajustement budgétaire nécessaire.
Un ajustement que la Cour évalue à 110 milliards d’euros, soit plus du double de celui évalué à l’été 2023 avant le dérapage qui a caractérisé les derniers mois.
Une dérive à absolument inverser
La dérive des finances publiques, loin de s’être inversée ni même simplement interrompue en 2024, s’est au contraire accentuée, avec un déficit qui devrait atteindre 6,0 points de PIB, soit 1,6 point au-delà de la cible inscrite dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2024.
Ce dérapage par rapport à la prévision initiale s’explique en partie par l’impact sur 2024 de la très mauvaise année 2023, mais l’essentiel de la dérive est imputable à l’année 2024 elle-même. La quasi extinction des mesures d’aides exceptionnelles de soutien face aux crises sanitaire et inflationniste a partiellement masqué une perte de contrôle du cœur de la dépense publique. Selon la Cour, celle-ci a progressé de 2,7 % en volume (donc hors effet de l’inflation), soit le rythme le plus rapide des quinze dernières années, « avec notamment une forte dynamique des dépenses de fonctionnement des collectivités territoriales (+3,6 %) et une augmentation soutenue des prestations sociales (3,1 %) sous l’effet de la forte inflation enregistrée en 2023 ».
Cette dérive se répercute sur 2025 mais aussi sur la suite de la trajectoire pluriannuelle vis-à-vis de laquelle la France s’est engagée auprès de la Commission européenne en octobre 2024. Pour la Cour, il est plus que jamais impératif de placer la France sur une trajectoire crédible de redressement des finances publiques.
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