Commandé par la Commission européenne il y a un an, Mario Draghi a rendu public, lundi 9 septembre, son rapport visant à préserver et améliorer la compétitivité en Europe.
Trois priorités sont mises en avant dans ce rapport afin de « remettre sur les rails » la croissance en Europe.
Pour Mario Draghi, l’Europe doit tout d’abord s’attacher à combler « l’écart d’innovation avec les Etats-Unis et la Chine, en particulier dans les technologies de pointe ». Cet écart de productivité tiendrait notamment à l’essor de la technologie numérique. Le rapport préconise ainsi de « garder un pied dans les domaines où la souveraineté technologique est nécessaire, tels que la sécurité et le cryptage ».
La priorité est également de parvenir à concilier la décarbonation de l’économie et la compétitivité afin d’éviter que « la décarbonation ne sape la croissance ». Lors de sa conférence de presse, Mario Draghi a ainsi détaillé le potentiel de croissance lié à la décarbonation.
Enfin, Mario Draghi appelle l’Europe à renforcer la sécurité et à réduire ses dépendances. En effet, les dépendances stratégiques de l’Union européenne touchent notamment les technologies essentielles à la digitalisation, comme les semi-conducteurs par exemple. Le rapport plaide donc pour une « politique étrangère renforcée » couplée à davantage « d’investissements directs » et à une réflexion autour des chaînes d’approvisionnement dans quelques « technologies clefs ». En matière de défense, Mario Draghi appelle à consolider l’industrie de la défense dans un contexte où « les menaces à la sécurité physique augmentent ».
Très attendu, le chapitre sur le financement des priorités déclinées par Mario Draghi confirme des besoins d’investissements considérables. Selon le rapport, il faudra investir chaque année un montant minimum de 750 à 800 milliards d’euros pour atteindre les objectifs évoqués précédemment. D’après les mots de Mario Draghi, « pour numériser et décarboner l'économie et augmenter notre capacité de défense, la part des investissements en Europe devra augmenter d'environ 5 points de pourcentage du PIB ». A titre de comparaison, les investissements supplémentaires du plan Marshall ne s'élevaient qu’à « environ 1 à 2 % du PIB ». Les États membres devront également participer aux financements de ces priorités. Le rapport prône pour que les 27 états membres continue « à émettre des instruments de dette commune pour financer des projets d’investissement communs ».
En termes de gouvernance, le rapport recommande la mise en place d’un « cadre de coordination de la compétitivité » afin d’engager ces transformations, tout en reconnaissant certains points de blocage comme la complexité et le volume des normes européennes ou encore la charge règlementaire pesant sur les entreprises.
A la suite de la remise de ce rapport à la Commission Européenne, Ursula von der Leyen s’est engagée à ce que les propositions formulées dans ce rapport inspirent le travail de la Commission Européenne.