ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°236 -

Interview Le Monde : « Développer l’enseignement supérieur dans les territoires est un enjeu méritocratique »



Caroline Cayeux, maire de Beauvais et présidente de l’association Villes de France plaide pour une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins en emplois dans les territoires.

La concentration dans les métropoles de l’enseignement supérieur vide-t-elle les villes petites et moyennes de leur jeunesse ?
L’enseignement supérieur dans les villes moyennes est une formidable chance, et la jeunesse est un élément d’attractivité déterminant. J’observe une dynamique positive ces dernières années. Deux cent dix-huit des 222 villes du programme « Action cœur de ville » – qui vise à améliorer les conditions de vie et à conforter le rôle moteur des villes moyennes dans le développement du territoire – ont un pôle d’enseignement supérieur. Ce qui ne représente pas moins de 410 000 étudiants et 350 millions d’euros investis par le bloc communal entre 2015 et 2017. Les formations proposées dans nos villes sont bien souvent le premier pas vers un parcours complet qui peut se conclure dans un établissement d’une métropole. Cette formation de proximité permet aussi à certains étudiants d’accéder à l’enseignement supérieur et à une formation de qualité ; c’est un enjeu de méritocratie qui est au cœur de notre pacte républicain.

N’est-ce pas aller à contresens que de vouloir tisser, sur les territoires, un réseau plus serré de grandes écoles ?
Si nous plaidons au sein de notre association pour un renforcement de l’offre de formation de proximité, c’est justement parce qu’il y a un enjeu de méritocratie, mais également une demande forte de nos concitoyens et des entreprises locales qui expriment des besoins en compétences. Nous devons travailler à une meilleure adéquation entre l’offre de formation et les besoins en emplois de nos territoires, au moyen, par exemple, de la mise en place de formations courtes. Par ailleurs, la qualité de vie, le coût de la vie moins prohibitif que dans les grands centres urbains en font des arguments de poids pour les établissements d’enseignement supérieur, et en particulier les grandes écoles qui, depuis quelques années, mènent une politique d’installation dans les villes moyennes.

Les entreprises en région sont-elles en panne de jeunes formés à la spécificité de leurs métiers ?
Nos entreprises ont souvent des difficultés à trouver les compétences dont elles ont besoin, et c’est tout l’intérêt d’une offre de formation de proximité qui leur permet d’entretenir des échanges avec les établissements. Le dialogue entre entreprises et formations doit être permanent et se situer au plus près des territoires.

Pourquoi les collectivités se tournent-elles vers les établissements privés ?
Les collectivités se tournent vers les acteurs volontaires. Il se trouve qu’il s’agit souvent d’établissements privés, mais pas uniquement. De nombreuses villes moyennes ont aussi renforcé ces derniers temps leur antenne universitaire par une offre enrichie. Cette dynamique, nous comptons l’accentuer avec « Action Cœur de ville » qui permet aussi de répondre à des enjeux connexes : logement étudiant, mobilités, mise en valeur du patrimoine universitaire.

n°236

04 Déc 2019

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