ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°169 -

Revitalisation des cœurs de ville : le rapport Marcon mérite le détour à plus d'un titre


Le traitement médiatique réservé en fin de semaine dernière au sujet du rapport d’André Marcon sur la revitalisation commerciale des villes petites et moyennes - si l’on s’en tient à la seule question du travail le dimanche - est, je le regrette, trop parcellaire, mais je ne doute pas que les développements à venir du plan « Action Cœur de Villes », ravive de son intérêt.
Ce rapport est en effet une boîte à outils concrète du volet commercial du plan Action Cœur de Ville, plan qui a été présenté par le Premier ministre à Cahors, lors de la Conférence nationales des territoires du 14 décembre 2017. A cette période, nous nous sommes vivement réjouis que ce plan doté de près de 5 milliards d’euros sur cinq ans (plus de 40 ans après les derniers contrats dédiés aux villes moyennes) se concentre sur les « cœurs de ville » avec un nouveau périmètre d’intervention en matière d’urbanisme (ORT).
Au-delà d’une démarche innovante et partenariale engagée par le Gouvernement dans le processus d’action,Villes de France a l’intention de faire un premier bilan des mesures qui concrétisent ce Plan. Nous avons d’ailleurs invité le Premier ministre à venir faire à Cognac, le 15 juin prochain, un premier point d’étape, lors de notre congrès intitulé « Cap sur les villes moyennes ! Se donner les moyens de réussir ». Nous espérons qu’il pourra répondre à cette attente.
Pour revenir à l’extension continue des dérogations au repos dominical, mes collègues maires de villes moyennes sont en réalité plutôt réservés, et ils préfèrent garder un pouvoir d’appréciation, pour justement tenir compte des circonstances locales. Bien plus qu’une question économique, le repos dominical est un fondement voire une condition essentielle au bien être de la société. De même, il n’est pas certain que cette proposition rééquilibrerait à coup sûr le commerce dans nos villes, avec le risque d’une perdition des consommateurs sur de plus grandes zones de chalandise. Une telle proposition n’est en tout cas pas à prendre seule, ni au pied de la lettre, elle fait partie d’une vision globale « à 360 degrés », d’un plan Marshall dédié à nos villes, avec des moyens conséquents et inscrits dans la durée. Nombre des mesures que la mission Marcon aborde sont d’ailleurs contenues dans des textes en préparation comme les projets de loi Pacte ou Elan, d’autres nécessiteront des dispositions de nature fiscale devant être adoptées dans le cadre d’une loi de finances.
En attendant, ces travaux menés par la mission Marcon confirment le bien-fondé et les principes d’action qui ont été arrêtés dans le cadre du plan « Action cœur de ville ». Au niveau de la gouvernance politique, il est nécessaire d’associer les maires des villes-centre et les présidents des intercommunalités, aux côtés de l’Etat et des régions. De même, il faut une coordination de toutes les parties-prenantes de la revitalisation urbaine, et cela dans toutes les directions : en matière d’habitat, de commerce, de services, de mobilité, de santé, de culture…
Je me réjouis aussi, à juste titre, que Jacques Mézard, ministre de la Cohésion des territoires, souligne qu’aider les villes moyennes à reconquérir leur centre-ville, c’est aussi redynamiser tout le territoire périphérique et rural environnant.
Le rapport Marcon insiste encore sur l’importance de professionnaliser tous les acteurs du commerce : élus, associations de commerçants, managers de centre-ville, professionnels des marchés ; et surtout, de l’urgence à les sensibiliser et à les accompagner dans la révolution digitale que nous vivons, avec de nouveaux horaires et de nouvelles habitudes de consommation. Nous partageons totalement ces lignes directrices.
Parmi les mesures identifiées par André Marcon, et qui méritent le détour, je mentionnerais spécialement toutes celles qui relèvent de l’équité fiscale entre commerce de centre-ville et commerce de périphérie. La quantité de mesures de soutien proposées est à cet égard très révélateur des disparités qui existent aujourd’hui dans le niveau des contributions fiscales entre commerçants et artisans (rapporté au niveau de chiffre d’affaires), entre ceux qui sont situés en centre-ville ou ceux de périphérie. Ces disparités sont d’ailleurs totalement assimilables à celles que nous constatons au niveau des impôts locaux des ménages. Cette problématique fiscale occupe d’ailleurs en ce moment

 

une mission menée par l’inspection générale des finances sur les « petites taxes ».
M. Marcon propose enfin toute une série de mesures de simplification normatives, destinées à l’expérimentation de boutiques à l’essai, à favoriser la rénovation des commerces, et la restructuration des rez-de-chaussée commerciaux. Cette problématique reste particulièrement prégnante dans nos centres-anciens, où le patrimoine est souvent vécu comme un frein au développement du commerce, alors qu’il est en réalité un formidable vecteur d’identité.
Caroline Cayeux
Maire de Beauvais,
Présidente de Villes de France

*Villes de France est une association d’élus locaux qui rassemble les villes dont la population est comprise entre 15 000 et 100 000 habitants, et les intercommunalités qui y sont associées.

n°169

21 Mars 2018

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