ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°551 -

Rapport du Médiateur de la République - L’absence de cohésion sociale nuit gravement à la citoyenneté


Jean-Paul Delevoye, actuel président du Conseil économique, social et environnemental, et Médiateur de la République jusqu’à la nomination du Défenseur des droits, a remis le rapport annuel du Médiateur de la République au Chef de l’Etat le 21 mars dernier.

Créée en 1973 pour régler les litiges entre administrations et citoyens, la médiature de la République va rejoindre - avec trois autres autorités (défenseur des enfants, Halde, commission nationale de déontologie de la sécurité) – le Défenseur des droits.

Activité en progression

79 046, c’est le nombre d’affaires reçues par l’institution en 2010 (+3,6%), dont 63 494 traitées  par les quelque 303 délégués bénévoles (dont 286 délégués territoriaux et 17 délégués thématiques), répartis dans 428 points d’accueil sur l’ensemble du territoire national. Ces saisines ont essentiellement porté sur la santé et la sécurité des soins, la justice et les questions sociales. C’est dans le domaine social que le Médiateur de la République a reçu le plus grand nombre de demandes.
Devant la commission des lois de l’Assemblée nationale, Jean-Paul Delevoye a exposé les conclusions de ses travaux, tenant des propos préoccupants sur la réalité des situations rencontrées : « Solitude et injustice sont les leitmotivs des demandeurs, qui sont de plus en plus nombreux à jalouser les « puissants » (…). On assiste à une montée incroyable du choc des égoïsmes (…). Nous sommes en train de « piloter une société nouvelle avec des outils d’hier (…). Une rupture du pacte républicain pour des personnes qui sont de plus en plus nombreuses à refuser de payer des impôts pour « des assistés », lesquels « assistés » en ont marre de ne pas pouvoir offrir des vacances à leurs enfants. Pas moins de 45 % des Français ont connu récemment une situation de pauvreté (…) ».

« Pour un réveil citoyen »

Selon Jean-Paul Delevoye, les citoyens français s’éloignent de plus en plus les uns des autres. Observateur privilégié de l’état de notre société, impliqué dans les règlements des litiges, il appuie son analyse sur des constats tirés des milliers d’affaires traitées par ses services. De nombreux conflits qui ont dégénéré en des situations graves, alors qu’ils auraient pu être résolus plus simplement si chacun avait au centre de ses préoccupations la « notion du vivre ensemble ».
« Le maintien sous perfusion de citoyens assistés permet de soulager nos consciences, mais pas de résoudre nos problèmes. Les enjeux déterminants pour notre avenir ne trouvent pas de réponse politique à la hauteur. Les débats sont minés par les discours de posture et les causes à défendre, noyées parmi les calculs électoraux. Or, les ressorts citoyens sont usés par les comportements politiciens ».
Prémonitoire dans son discours prononcé avant les dernières élections cantonales qui ont atteint des sommets en matière d’abstention, Jean-Paul Delevoye exhorte la classe politique à une plus grande moralité : « Les confrontations politiques sont fictives car le réel clivage n’est plus entre la droite et la gauche, mais entre ceux qui acceptent la mondialisation et ceux qui la récusent. La conquête du pouvoir oblige à des alliances contre nature : les convictions s’effacent lorsque les intérêts s’entrechoquent ; les convictions s’effacent également lorsque les intérêts convergent ! ». L’éducation, en échec aujourd’hui sur l’acquisition des savoirs, l’aptitude au travail et l’éveil à la citoyenneté, interroge notre système administratif global qui échoue sur sa capacité d’inclusion et devient une machine à exclure.
Nous devons retrouver le sens de l’engagement, de la solidarité de proximité, du partage mais aussi du respect de l’Homme.
Et de poursuivre : « L’immigration nécessaire (l’Union européenne a annoncé que d’ici 2050, la population active européenne nécessiterait, pour atteindre l’équilibre, l’arrivée de cinquante millions d’individus étrangers) pose le problème de l’assimilation, de l’intégration, l’identité, la diversité, du multiculturalisme, de la laïcité, qui selon notre résistance au populisme ou à l’extrémisme produiront des conflits intenses ou une formidable réussite collective ».
 

n°551

06 Avril 2011

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