Dans une note publiée le lundi 7 octobre dernier, France Stratégie affirme que sur les 85 milliards d’euros d’investissements nécessaires par an pour assurer la transition écologique d’ici 2030, seul un tiers serait rentable sans intervention publique.
Le volume des investissements nécessaires pour tenir les engagements climatiques de la France (réduire de 50 % les émissions de GES d’ici à 2030 par rapport à 1990) est considérable. France Stratégie évalue ce montant à 85 milliards par an en se focalisant uniquement sur deux secteurs : le logement et le transport routier car ce sont les deux secteurs les plus émetteurs.
Dans le scénario proposé par France Stratégie (prix de l’énergie constant sur la période 2024/2030), seul un tiers de ces investissements verts seraient rentables pour les ménages et pour les entreprises. Plus précisément, sur les 605 milliards d’euros nécessaires pour tenir nos engagements climatiques entre 2024 et 2030, 208 milliards seraient rentables soit 34%. Cette part s’améliorerait sensiblement avec le temps, passant à 52% en 2030.
Concrètement, le remplacement d’une chaudière au fioul est rentable quel que soit le type de ménage. En revanche, le remplacement d’une chaudière à gaz par une pompe à chaleur n’est rentable que dans moins de la moitié des cas du fait des gains moindres sur l’énergie consommée.
Pour l’isolation thermique des bâtiments, aucun des investissements, qu’il s’agisse de logements privés ou de bâtiments tertiaires, ne serait jamais rentable avec les hypothèses retenues. Autrement dit, sans intervention publique (subventions, règlementation ou fiscalité), ménages et entreprises n’ont aucun intérêt financier à isoler leur logement ou leurs locaux au vu de l’ampleur des sommes représentées par ces travaux de rénovation. Seuls 16 % des investissement seraient rentables dans bâtiment en 2030. Ce chiffre est toutefois dépendant de l’évolution des prix de l’électricité.
Concernant les véhicules électriques, 85 % des investissements sont considérés comme rentables en 2030.
France Stratégie s’est employée à évaluer la part des interventions publiques nécessaires afin de rendre rentable l’ensemble des investissements. Dans le cas où l’État tient compte des revenus des ménages pour calibrer le niveau des aides et éviter les effets d’aubaine, le montant des transferts nécessaires s’élève à 19 milliards d’euros par an dont 17 pour la seule rénovation énergétique des bâtiments. Ces chiffres sont à comparer aux 8 milliards du budget consacré à la transition énergétique dans la précédente loi de finances.
Enfin, la note d’analyse suggère par exemple de supprimer l’avantage fiscal qui profite aux rénovations écologiques qui réduit la TVA de 10 % à 5,5 % depuis 2014 car il n’est pas ciblé et profite aussi à des ménages qui effectuent des rénovations qui seraient rentables sans aides. A noter aussi que le chiffre de 19 milliards ne prend pas en compte certains investissements incontournables pour la transition énergétique tels que l’installation de borne de recharge pour les véhicules électriques ou les investissements dans les renouvelables pour assurer un prix de l’électricité abordable.