ONDES
URBAINES

Ondes urbaines n°139 -

Villes de France en E-stonie


Alors que la cyberattaque NotPetya a fait rage dans des entreprises de différents pays, une délégation d’élus de Villes de France s’est rendue en Estonie du 28 au 30 juin 2017 en partenariat avec le Groupe Engie, afin de réaliser un voyage d’études sur le numérique dans le service public et les territoires. Le pays est en effet un modèle pour toute l’Europe en termes d’administration numérique.
L’administration numérique à l’étude
La délégation de Villes de France, présidée par Christian Pierret, président d’honneur de l’association, a pu appréhender la réalité du numérique dans le secteur public en Estonie par la visite du show-room e-estonia, par une rencontre avec l’ambassadrice française Madame Delmas-Scherer et par une visite de terrain dans l’administration de la ville de Maardu. Les maires et présidents d’intercommunalité ont par ailleurs eu l’opportunité d’échanger avec le premier ministre Edouard Philippe, en déplacement avec la ministre chargée des Affaires européennes Nathalie Loiseau et le secrétaire d’Etat chargé du numérique Mounir Mahjoubi. Les territoires français sont nombreux à élaborer stratégies et projets liés à la smart city comme la ville de Béthune, Arras ou Niort tandis qu’au niveau de l’Etat, la dématérialisation administrative est à l’œuvre au sein des services et s’impose au secteur public par législation et réglementation. La délégation a porté les échanges sur les enjeux de la sécurité, de l’acceptabilité sociale, des coûts et des bénéfices
e-citoyen, e-résident
Petit pays de 1,3 million d’habitants, indépendant depuis l’explosion de l’URSS en 1991, l’Estonie a fait le choix de limiter les coûts et la main d’œuvre par le développement du numérique dans un premier temps par les agences bancaires, puis par le secteur public qui offre désormais 2600 services en ligne. Aujourd’hui, 99,8% des transactions financières sont dématérialisées tandis que 96% des échanges avec les services publics passent par le numérique.
Membre de l’Union européenne depuis 2004, l’Etat balte a lancé dès 2002 une carte d’identité munie d’une puce électronique et qui permet de se connecter aux ordinateurs via un lecteur adapté. Obligatoire à partir de 15 ans, cette carte simplifie la vie du citoyen qui peut s’identifier par deux codes secrets et ensuite signer numériquement avec la même valeur juridique que le papier. Toutes les démarches peuvent se faire en ligne sauf le mariage, le divorce et les prêts. Le e-citoyen peut ainsi renouveler une ordonnance médicale, signer un contrat, créer une entreprise, demander un permis de construire et même voter. Cela économise au citoyen quarante heures chaque année en gestion des papiers et déplacements. Cette carte digitale permet aussi de remplacer toutes les autres cartes comme la carte d’électeur, le permis de conduire, la carte Vitale, une carte pour un club de sport ou encore les cartes de fidélité.
Au niveau national, l’Estonie est un modèle en termes d’opendata et a inscrit la protection des données personnelles dans sa Constitution. Le pays souhaite accompagner l’ensemble de la population pour l’acculturation numérique : des formations au code informatique sont dispensées à l’école, des cours gratuits donnés aux seniors et des formations au design thinking proposées aux hauts fonctionnaires. Stimulant l’économie locale et représentant près de 7% du PIB estonien, le digital a permis la naissance de start ups internationales comme Skype et facilite les démarches pour les patrons qui peuvent répondre aux appels d’offres et valider les comptes en ligne.
Aujourd’hui une présidence de l’Europe e-orientée
Les commissaires européens étaient eux aussi en déplacement à Tallinn à la fin de la semaine dernière, tandis que la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne revenait à l’Estonie le 1er juillet 2017 faisant suite à Malte et précédant la Bulgarie, le Brexit ayant avancé de six mois cette présidence pour l’Estonie. Avec le slogan « l’unité par l’équilibre », l’Estonie va structurer son mandat autour de quatre priorités : faire des progrès pour renforcer l’Union des marchés de capitaux, renforcer la sécurité, élaborer de nouveaux accords en matière de numérique et agir pour les questions écologiques et sociales. Pour la priorité liée au numérique, l’Etat balte souhaite un accord sur la révision du droit d’auteur, un accord sur la modernisation du cadre audiovisuel européen, ainsi que des avancées en matière de libre circulation des données et de cybersécurité. A l’automne, des conférences seront organisées pour les voisins européens : sur le travail « Make it easy » (12-14 septembre), sur l’industrie numérique « ManuFuture » (24-25 octobre) et le 17 novembre pour le Sommet social pour un emploi et une croissance juste à Göteborg.

 

 

n°139

05 Juil 2017

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