ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°669 -

Le Conseil national éducation économie en ordre de marche


Le Premier ministre et le ministre de l'Éducation nationale ont installé le Conseil national éducation économie (CNEE), le 18 octobre dernier, à l'École nationale supérieure des Arts et Métiers. Créé pour une durée de cinq ans et placé auprès du ministre de l'Éducation, le CNEE est chargé d'animer une réflexion prospective sur l'articulation entre le système éducatif et les besoins du monde économique, ainsi qu'un dialogue permanent entre leurs représentants sur la relation entre l'éducation, l'économie et l'emploi. Le Premier ministre a souligné l'importance du dialogue entre monde économique et monde éducatif, et il a défini le rôle du CNEE dans les chantiers gouvernementaux. Jean-Cyril Spinetta a été choisi pour présider le conseil.
En mettant autour d’une même table chefs d’entreprises, représentants des salariés et des employeurs, administrateurs de l’éducation, de la recherche, de l’industrie et de l’emploi, représentants des enseignants, représentants des régions, (cf. composition détaillée du CNEE en pièce jointe) l’objectif du Gouvernement est d’engager une réflexion collective sur des sujets qui engagent l’avenir de la France, d’élaborer une vision prospective partagée de la contribution de l’éducation aux enjeux économiques, et aussi des moyens de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes. On regrettera cependant que les maires et les présidents de conseils généraux ne soient pas représentés au sein du CNEE. Car l’éducation concerne, jusqu’à preuve du contraire, l’enseignement public du premier degré qui relève de la compétence de la commune depuis les lois de Jules Ferry, tandis que les collèges relèvent des départements.
Dynamiser les relations entre l’éducation, l’économie et l’emploi présente des avantages pour l’ensemble des acteurs concernés.Il en va de l’intérêt des élèves de pouvoir accéder, quelles que soient leurs origines sociale et territoriale, à des formations et des qualifications adaptées aux enjeux économiques de demain. Compte tenu de l’accélération des progrès techniques, force est de constater une « obsolescence de plus en plus rapide des compétences ». L’enjeu est de donner aux jeunes un niveau de compétences initiales suffisamment important pour qu’ils puissent évoluer en se formant tout au long de leur vie, une qualité indispensable au regard du rôle déterminant de l’innovation dans l’économie mondialisée. Il en va également de l’intérêt des acteurs économiques, notamment des entreprises, qui ont besoin, dans un univers compétitif, de salariés formés aux évolutions les plus récentes des technologies de leur branche et aux qualifications les plus élevées, qu’elles soient générales ou spécifiques.
La tâche du CNEE sera grande : réfléchir à la fois, et entre autres, à l’adaptation des diplômes professionnels aux nouvelles technologies, à la mutation de la géographie des formations, à la diffusion de la culture économique auprès des jeunes, à leur éveil à l'entrepreneuriat, à l’attractivité des filières scientifiques, sans oublier les compétences primordiales pour favoriser l'insertion des jeunes… autant d’enjeux cruciaux qui devront être traités en deux réunions annuelles ! D’où le scepticisme déjà affiché par certains membres.
Investissement éducatif, redressement productif
Nul ne peut nier que l’Éducation constitue un levier majeur pour lutter contre le chômage, pour favoriser la croissance et la compétitivité de la France, et aussi pour réduire les inégalités sociales. « L’École a un rôle considérable à jouer dans l’effort à conduire pour le redressement de notre économie » souligne-t-on rue de Grenelle. « La sphère économique doit également davantage s’investir pour favoriser la découverte du monde professionnel par les élèves et pour qu’ils soient mieux préparés à leur insertion professionnelle » ajoute le ministre de l’Éducation nationale.
Des relations entre l’École et le monde économique se sont nouées sous des formes multiples au cours des dernières décennies, notamment via des partenariats avec les branches professionnelles, des associations, des entreprises ou des fondations : interventions d’acteurs économiques et notamment d’entrepreneurs dans les établissements scolaires, stages en entreprises, semaine de l’entreprise, formations en alternance, développement des filières professionnelles, etc. « Les relations entre l’éducation et l’économie sont à l’heure actuelle nombreuses, mais les actions partenariales sont souvent trop ponctuelles et limitées » déplore Vincent Peillon pour qui le CNEE permettra de mieux structurer et de davantage diffuser ces actions partenariales, grâce à un accompagnement et une mise en réseau. Ainsi amplifiées ces actions pourront « passer à l’échelle supérieure et produire des résultats tangibles ».
Par ailleurs, Vincent Peillon veut aussi que l’Éducation nationale travaille en étroite relation avec le monde économique à la modernisation de ses formations professionnelles initiales. « Il est essentiel de mieux anticiper l’émergence de nouveaux métiers, de rénover en profondeur les compétences attendues dans de nombreuses branches marquées par des évolutions technologiques rapides et de mieux prendre en compte les exigences environnementales dans chacune des filières de formation » a déclaré le ministre de l’Éducation nationale. Aussi, le CNEE aura vocation à donner, dans une démarche prospective, des orientations aux commissions nationales consultatives chargées de la refonte des diplômes professionnels. En collaboration avec les conseils régionaux, les rectorats ont mission de moderniser la carte des formations professionnelles initiales.
Par ailleurs, depuis cette rentrée, les académies expérimentent, avec six régions pilotes, un nouveau service public de l’orientation, à travers une nouvelle répartition de compétences entre l’État et les régions. Parmi les projets les plus emblématiques dans le domaine de la formation professionnelle initiale, on soulignera le développement des « Campus des métiers et des qualifications », qui sont le fruit de synergies locales entre la formation professionnelle de l’Éducation nationale, la recherche et les acteurs du monde industriel.
En orientant, en structurant et en donnant une visibilité nouvelle à toutes les initiatives qui rapprochent l’école du monde économique, « le Conseil national éducation économie contribuera au redressement de notre pays en apportant des réponses structurelles aux problèmes d’insertion professionnelle des jeunes, de croissance, d’innovation et de compétitivité » conclut Vincent Peillon.

n°669

30 Oct 2013

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