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URBAINES

Ondes moyennes n°672 -

Nouveaux rythmes scolaires : vers une reconnaissance de l'action éducative des communes


Un colloque organisé le 14 novembre dernier à Paris par La Gazette des communes en partenariat avec les associations d’élus, et la Fédération des villes moyennes,  a permis  de faire le point sur les enjeux et les modalités de la mise en œuvre de la réforme des rythmes scolaires.
En introduction des échanges, Denis Muzet, président de Médiascopie, a selon sa méthode désormais bien connue du secteur local, présenté les 125 mots de la réforme. Basé sur une enquête réalisée en janvier 2013,  il a dégagé trois sens premiers :
- une nécessité qui s’impose à tous,
- mettre l’enfant au cœur de la réforme,
- respecter les rythmes naturels d’apprentissage.
Dans ses conclusions, Denis Muzet a souligné la nécessité ressentie de « faire la réforme avec tout le monde », c’est-à-dire, avec tous les acteurs : les élèves, les parents et leurs associations, les collectivités, les experts, les enseignants et leurs syndicats.
Organisation des activités périscolaires
Plusieurs élus sont venus témoigner de la mise en œuvre de la réforme, chaque territoire l’adaptant après une concertation de tous les acteurs :  Arras, Aubervilliers, Bourges, Eragny, sur-Oise, Grenoble, Langeais, La Roche-sur-Yon, Roubaix… Tous les représentants des communes se sont exprimés avec enthousiasme. Ils ont souligné l’importance de la réforme pour la réussite éducative de tous les élèves, s’appuyant sur la réintroduction des cinq matinées de cours hebdomadaires et l’allègement des après-midis avec les activités périscolaires. Tous aussi ont reconnu qu’il restait un potentiel d’évolution et d’amélioration important, mais que le pas franchi, il était plus aisé de travailler sereinement. La charge financière, si elle est restée bien présente tout au long des débats, n’a pas été aussi prégnante que les questions liées à la concertation et à la remise à plat de l’organisation, en particulier pour les personnels communaux. Formation des Atsem, des animateurs, création de poste de référant  « éducation ville », création d’une véritable statut d’animateur…
Représentant la Fédération des villes moyennes, le maire de La Roche-sur-Yon, Pierre Régnault, a présenté les principaux résultats de l’enquête menée par la FVM (Ondes Moyennes du 23 octobre 2013), selon laquelle plus de 25% des villes moyennes sont passées aux nouveaux rythmes dès 2013.
Il a aussi insisté sur la nécessité d’un travail collaboratif associant tous les acteurs. Dans les faits, ce travail de concertation lui a aussi permis de mieux appréhender la sociologie de sa ville. Il a ajouté que « les activités péri-éducatives ne sont pas obligatoires, mais il faut faire en sorte que tous les enfants y participent, et bannir le terme « garderie ». C’est un levier tout à fait intéressant pour l’éveil et la créativité des enfants en particulier pour les publics qui n’ont pas accès aux activités payantes proposées par ailleurs. En cela, les principales résistances sont souvent venues des familles les plus aisées ! ».
Donner la parole aux enfants
Le représentant de Droit de l’Enfant International-France, Bernard Defrance, a présenté le Guide de la participation des parents, des enfants et des jeunes aux Projets éducatifs territoriaux, qui s’inspire de la Convention internationale des Droits de l’Enfant.
Il a rappelé l’étymologie grecque du mot « école » qui signifie « loisirs », ainsi qu’un proverbe africain plein de sagesse : « il faut tout un village pour éduquer un enfant ».
Selon lui, les difficultés actuelles viennent d’une décision unilatérale prise en 2008 du passage aux quatre jours d’école. Concernant les PEdT, il recommande d’associer très étroitement les parents et les enfants à leur élaboration, dans une logique citoyenne. Pour améliorer le système scolaire, il faut susciter le plaisir d’apprendre qui va commander l’investissement de l’élève. Enfin, Pierre Régnault met en garde contre le danger d’associer professeur à sérieux et animateur à ludique, dans les apprentissages ; et dénonce « le hachis du temps scolaire » au collège et au lycée.
Vincent Peillon, ministre de l’Education nationale, a rappelé en clôture de ce colloque les résultats du Pisa (programme international pour le suivi des acquis des étudiants). En 2009, la France se situait au 22è rang pour la lecture et l’écriture, loin derrière la Chine, La Finlande ou la Corée du Sud. L’enquête révélait aussi que l’écart se creuse entre les très bons et les très mauvais élèves et que 20% des élèves sont en grandesdifficultés.
Pour le ministre de l’Education nationale, l’accroissement des inégalités est un frein à la cohésion sociale ; il génère l’exclusion qui elle même engendre l’extrémisme.
Vincent Peillon a déploré que le message principal de sa réforme, la réussite éducative, ne soit pas passé. Il a rappelé sa priorité : donner du meilleur temps scolaire (c’est-à-dire le matin) et permettre à tous, dans un souci d’égalité, de bénéficier de temps éducatifs (par les activités périscolaires).
Il a affirmé qu’il n’y aurait pas de retour sur la réforme parce que tous les enfants de France ont droit à un temps scolaire de qualité, mais qu’il demeurait ouvert aux propositions qui visaient à améliorer les progrès des élèves, car affirme t-il,  « refonder l’école de la République, c’est refonder la République de demain ».

 

n°672

20 Nov 2013

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