ONDES
URBAINES

Ondes moyennes n°697 -

Elections européennes : bilan français et européen


Les élections européennes se sont achevées dans les 28 Etats membres le 25 mai dernier. La moyenne européenne des taux de participation se situe juste un peu au-dessus de celle de 2009, à 43%. Avec un taux de participation de 43,5%, la France se situe donc dans la moyenne européenne, (contre 43,1% en 2009).
A l’échelle européenne, la droite conservatrice reste en tête, mais les partis traditionnels sortent affaiblis
A l’échelle européenne, elles ont conforté la droite conservatrice. Toutefois les grands partis traditionnels de la droite et de la gauche (PPE et PSE) accusent un net recul. Le PPE (Parti Populaire européen) remporte 28,5% des suffrages et sera représenté par 214 députés sur les 751. Les socialistes (S&D,l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates) arrivent quant à eux en deuxième position, avec 189 députés (ils ne perdent que 6 députés par rapport aux dernières élections). Les libéraux de l’ADLE (Alliance des démocrates et libéraux pour l'Europe) obtiennent 66 députés (17 de moins qu’en 2009), les verts (Verts-ALE, Les Verts/Alliance libre européenne), 52 élus (5 de moins qu’en 2009), et les Conservateurs et Réformistes européens (CRE), 46 élus (11 de moins).
L’extrême gauche gagne en revanche des sièges, avec 42 députés contre 35 en 2009, et le groupe actuel d’extrême droite (Groupe Europe libertés démocratie) conforte sa place avec 38 élus (contre 31 en 2009). Ses bancs seront en outre gonflés par l’arrivée de 105 nouveaux députés de partis non affiliés (dont les partis ne sont pas membres de « groupes politiques » au sens du Parlement européen), parmi lesquels une forte majorité se revendique extrêmiste, eurosceptique, souverainiste ou populiste.
L’Euroscepticisme gronde, et pas qu’en France
Au total, les eurosceptiques récolteraient 140 sièges. Or, pour constituer un groupe politique au Parlement européen, il faut récolter 25 sièges, dans 7 pays européens. Il est donc tout à fait probable qu’ils puissent former un groupe politique, sous réserve toutefois des alliances qui seront trouvées entre les différents partis, et de la possible conciliation entre les idéologies de chacun.
Parmi ces 140 députés, le Front National français est le plus grand pourvoyeur de députés d’extrême-droite, avec le parti UKIP anglais de Nigel Farage : ils envoient chacun 24 députés. Mais ils sont suivis de près par d’autres partis extrêmistes eurosceptiques dans plusieurs autres pays européens : au Danemark, ils remportent 26% des voix, 20% en Autriche, 15% en Hongrie (ce qui correspond à 3 députés pour le parti ultra-nationalistes), 13% en Finlande et 12% en Grèce, dont le parti néo-nazi Aube dorée envoie 2 députés. Les Démocrates suédois (SD), parti eurosceptique qui est allié au FN, ont obtenu de leur côté 7 % des voix et font à leur tour leur entrée au Parlement.
Conséquences sur les institutions européennes
- euroscepticisme : pas de minorité de blocage

Le processus législatif ne devrait pas être affecté outre mesure par cette forte représentation des euro-sceptiques au Parlement. En effet, les votes en séance plénière s’effectuent à la majorité absolue des suffrages exprimés. Les euro-sceptiques ne pourront atteindre que difficilement et en tout cas pas seuls, la majorité absolue des suffrages. Il n’existe pas au Parlement européen de « minorité de blocage » et les décisions adoptées resteront a priori le fait d’un accord entre les 3 premiers partis (droite conservatrice, socialistes et libéraux).

 

- de nouvelles coalitions à construire pour voter les textes
À l'inverse des parlements nationaux, la formation d'une majorité au Parlement européen se fait au cas par cas et non par une coalition bien établie. Jusqu’à présent, les grandes coalitions de gauche et de droite ont fortement influencé les résultats de chaque vote, tandis que les libéraux de l'ADLE et les Verts faisaient office de groupes d’ajustement pour obtenir les majorités nécessaires. Cette fois, l’affaiblissement des partis traditionnels pourrait modifier le jeu politique et les majorités qui se dessinaient jusqu’à lors. Les coalitions possibles entre partis sont nombreuses et se dessineront dans les semaines à venir : coalition des conservateurs ? coalition des libéraux ? quelle coalition pour la gauche, avec ou sans les libéraux ?
- Jean-Claude Junker, président de la Commission ?
Désigné candidat « officiel » de son parti (PPE) à la présidence de la Commission européenne, le luxembourgeois Jean-Claude Junker est pressenti pour devenir efffectivement président, compte tenu du résultat des élections européennes, qui place le parti conservateur de droite en tête avec plus de 28% des voix. Cependant, l’élection sera conditionnée par deux éléments supplémentaires : d’une part, par le jeu d’alliance qui sera adopté au sein du Parlement entre les Partis et qui définira quelle grande coalition sortira majoritaire ; d’autre part, par son mode d’élection puisque le Traité de Lisbonne stipule que le président est choisi par les Etats membres réunis en Conseil européen, et ensuite approuvé par le Parlement. Rien ne garantit donc qu’il soit effectivement retenu par les chefs de gouvernement des Etats membres. Angela Merkel aurait déjà signifié que la nomination de M. Junker n’était pas faite, et d’autres noms semblent déjà circuler : la Première ministre sociale-démocrate danoise Helle Thorning-Schmidt, son homologue finlandais conservateur Jyrki Katainen, ou encore l’ancien Premier ministre letton, Valdis Dombrovskis.
Les élections européennes en France
- De nombreux eurodéputés français sortants n’ont pas été reconduits :
Catherine Trautmann, ex-présidente de la délégation française du Parti socialiste au Parlement européen et candidate dans la région Est ; Sandrine Bélier, tête de liste pour Europe Ecologie-Les Verts dans l’Est, l’eurodéputé sortant UMP Jean-Paul Gauzes, l’ancienne ministre de l'Environnement, Corinne Lepage, l’eurodéputée sortante  Sophie Auconie (UMP) ; Chantal Jouanno, candidate centriste  en Île-de-France, Agnès le Brun eurodéputée sortante UMP; Jean-Pierre Audy eurodéputé sortant (UMP), Marie-Thérèse Sanchez-Schmid, eurodéputée sortante UMP, Michèle Striffler, eurodéputée sortante (Modem),
- Montée de l’euroscepticisme : quelle influence sur la position de la France ?
Avec seulement 49 députés « eurocompatibles » sur les 74 eurodéputés français, le nombre de députés européens français pro-européens se réduit et place la France en numéro sept de l’UE (Euractiv).


Calendrier indicatif
- 26-27-28 mai : désignation des chefs de délégation nationale des groupes politiques du PE
- 27 mai : réunion des chefs d’État et de gouvernement à Bruxelles
- 4 juin : désignation du président du groupe PPE
- 18 juin : désignation du président du groupe S&D
- 19-20 juin ou 23-24 juin : réunion des présidents de groupe du Parlement européen pour choisir la personnalité qui doit, selon eux, devenir président de la Commission européenne. La proposition finale revient aux États, même si le Parlement européen doit approuver ce choix.
- 26-27 juin : Conseil européen, les chefs d’État et de gouvernement devraient proposer un nom pour la Commission européenne
- 1-3 juillet : session plénière du Parlement européen : désignation du président du Parlement européen. Il doit recueillir la majorité absolue des suffrages, c’est-à-dire 376 sièges.
- 14-17 juillet : session plénière du Parlement européen, désignation du président de la Commission européenne (peut être reportée au mois de septembre).

Article rédigé en collaboration avec la MEPLF, dont est membre la FVM.
Meplf : http://www.meplf.eu/

 

n°697

28 Mai 2014

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