Dans le cadre de son statut consultatif spécial après du Conseil économique et social des Nations Unies (Ecosoc), Villes de France a participé au « Forum régional pour le développement durable », qui s’est tenu le 25 avril 2017 au Palais des Nations à Genève (dans l’impressionnante « salle des Emirats » intégralement rénovée l’année passée). Au menu de cette intense journée de débat réunissant 56 Etats de l’hémisphère nord et les parties prenantes : l’adaptation locale des Objectifs de développement durable des Nations Unies (ODD), la coopération «sous-régionale», et aussi la qualité de la statistique pour évaluer la performance locale en matière de respect des ODD. Ce Forum a ouvert la 67ème session de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe.
Du global au local pour réaliser les ODD
Les échanges au cours de la plénière de la matinée ont eu pour objectif de montrer l’importance des principaux acteurs non gouvernementaux, et des acteurs locaux, dans l’application effective de ces 17 Objectifs du développement durable des Nations Unies (ODD). Il s’agissait de faire le point sur la grande variété des modalités d’application dans cette grande zone géographique, après deux années d’application de l’Agenda pour le développement durable de 2030 (adopté en septembre 2015). Trois tables-rondes ont été ensuite organisées. La première séquence sur l’adaptation nationale et locale des ODD a mis en valeur le rôle déterminants des autorités locales pour réussir les objectifs et a donné un éclairage comparatif sur l’élaboration des stratégies locales d’application, et elle est revenue sur les retours d’expériences tirées des Examens Nationaux Volontaires (- rappelons sur ce point que l’Etat français avait remis sa copie à New York dès 2016 en « oubliant » manifestement le rôle pourtant déterminant des communes et des intercommunalités sur le sujet, voir Ondes Urbaines n°95 - ). Villes de France a fait valoir l’implication déjà très conséquente des villes françaises et leurs agglomérations dans les stratégies locales du développement durable, et l’association a eu l’occasion de saluer la qualité du travail réalisé notamment par le PNUD et ONU-Habitat depuis le début 2017 pour proposer des outils et des guides en ligne pour soutenir les acteurs locaux, tout en insistant sur la nécessité de continuer à valoriser davantage au sein des Nations Unies les bonnes initiatives locales reproductibles ailleurs.
La seconde table-ronde du Forum a plaidé pour davantage de coopération entre les Etats et les collectivités locales en matière d’infrastructures transfrontalières et de commerce. Enfin, la dernière table-ronde - qui avait pour modératrice la française Laurence Monnoyer-Smith, la Commissaire générale au développement durable - s’est concentrée sur l’amélioration technique de la qualité des données statistiques au sein des 56 pays concernés pour la fiabilité des rapports des Etats et des gouvernements locaux. Un moment de dialogue entre les décideurs et les statisticiens a eu lieu sur les besoins, la faisabilité, et les limites des données chiffrées relatives aux ODD. En effet, loin d’être une préoccupation strictement « onusienne », il faut signaler que le lendemain de ce Forum international de Genève, le très français Conseil national de l’information statistique (CNIS) doit se réunir le 26 avril au Ministère de l’Économie et des Finances à Bercy pour approfondir cette question en mettant à son ordre du jour un point sur « les objectifs de développement durable de l'ONU avec focus sur les indicateurs liés à la santé et à l'environnement ».
Un « Forum » aux répercussions concrètes
Plus qu’un simple temps de dialogue, ce « Forum » à destination des territoires nationaux et locaux était en fait un rendez-vous particulièrement remarqué au niveau international sur la question, puisqu’il s’est tenu en ouverture de la session de la « Commission Economique des Nations Unies pour l’Europe (UNECE) », qui fête pour l’occasion solennellement ses 70 ans à Genève (fondation en 1947), en présence de la Vice-Secrétaire générale de l’ONU Amina J. Mohammed.
Cette structure, plutôt méconnue par le grand public, est l'une des cinq grandes « commissions régionales » des Nations Unies. Elle regroupe 56 pays membres et 20% de la population mondiale, soit tous les pays d'Europe, mais aussi les pays d'Amérique du Nord (Canada et États-Unis), l'Asie centrale et Israël. Cette agence de dialogue politique s’avère notamment une instance privilégiée des grandes négociations diplomatiques des Etats de l’hémisphère nord de la planète sur les instruments juridiques internationaux (conventions internationales et protocoles). Surtout, elle établit également des normes s’imposant aux acteurs économiques des Etats concernés, après les processus de ratifications internes. Depuis la fin de la guerre froide, cette instance des Nations Unies a été réformée en profondeur en 1997 et en 2005. Elle dispose des compétences élargies en matière de transport, d’environnement, d’énergie, de gestion des espaces naturels (dont les forêts et l’exploitation des grands fleuves), et même de logement social et d’habitat, ainsi que de qualité des statistiques. Sur ces grandes questions, l’ordre du jour du Forum du 25 avril 2017 de Genève s’est révélé être la préfiguration du programme de travail conséquent des deux journées suivantes de la « 67ème session » de la Commission économique des Nations Unies pour l’Europe (des 26 et 27 avril 2017) afin d’appliquer concrètement les 17 Objectifs du développement durable dans les 56 pays concernés et d’établir les modalités d’évaluation des efforts des Etats.